35 ans plus tard, un mystère concernant les cartouches des Tueurs du Brabant enfin percé
Un militaire trouve la réponse à cette question posée depuis trente-cinq ans.
Publié le 30-12-2020 à 12h32 - Mis à jour le 30-12-2020 à 15h31
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Plus de trente-cinq ans après le dernier fait, les tueries du Brabant, qui restent inexpliquées, continuent d’interroger le grand public. Administré par Michel Leurquin, le forum Tueries du Brabant réunit maintenant près de 700 " chercheurs amateurs ". On peut remarquer, ces derniers temps, les interventions d’un certain Dimitri Dubois.
Dimitri Dubois avait 14 ans quand les premiers faits eurent lieu à Dinant, Maubeuge et Wavre. "J’allais à l’Institut Saint-Jean-Baptiste à Wavre, juste à l’arrière de l’armurerie de Daniel Dekaise où ce policier, Claude Haulotte, a été abattu lâchement et sans nécessité puisqu’il était à terre."
Les auteurs, que la juge Mme Martine Michel et son équipe s’efforcent d’identifier avant la prescription en novembre 2025, avaient pour particularité, parmi d’autres, d’entailler leurs cartouches.
Cela a été constaté vers le 10 novembre 1985 à Ronquières quand des gendarmes de la brigade de Braine-le-Comte ont trouvé, sur le bord du canal, des cartouches vertes, de la marque Legia, de calibre 12.
Dimitri Dubois est militaire de carrière. Le Liégeois a servi dans le génie de combat. Il a participé à des missions de maintien de paix en ex-Yougoslavie. Il cherchait à comprendre pourquoi les tueurs du Brabant entaillent les munitions. "Cela m’a pris huit jours. J’ai vu des armuriers, j’ai consulté des forums de chasseurs." Aucun doute : une pratique de chasseurs.
Selon lui, les entailles rendent la munition plus puissante, plus véloce, plus précise. "Les plombs contenus dans la cartouche ne vont pas se disperser aussi vite, la cible sera atteinte par un plus grand nombre de plombs. Vous partez à la chasse au canard avec des munitions adaptées au gibier d’eau. Vous croisez un marcassin, votre cartouche pour le canard n’est pas adaptée. Vous prenez votre couteau. La solution consiste à entailler la gaine plastique, à l’aide du canif, au niveau de son accroche avec la douille, pour ne laisser que deux points de jonction diamétralement opposés. Vous transformez votre cartouche. Vous lui donnez une énergie et une précision et une puissance supérieures. Certains entaillent à la limite de la douille, d’autres quelques millimètres plus haut. Comme eux, les tueurs entaillaient plus haut."
Le procédé a un nom : le cut slug. En 2019, Eddy Renard, un enquêteur de la Cellule, énumérant les pièces à conviction trouvées à Ronquières, expliquait, sur RTL TVI, qu’on n’avait pas d’explication à la présence des entailles.
Dimitri Dubois a trouvé : du cut slug, "une pratique de chasseur". Le Liégeois fait le rapprochement avec le témoignage d’une cliente du Delhaize Fort Jaco à Uccle qui, allongée sur le sol, a finement observé que le plus grand des auteurs, donc Géant, portait des bottes en caoutchouc vert kaki, communément portées en ce temps-là par les pêcheurs et les chasseurs.
De même que le fameux "bob" trouvé sur le parking du Delhaize d’Alost, le couvre-chef de Géant. Dimitri Dubois ajoute la cartouchière artisanale. Cela fait beaucoup.
Ce n’est pas la première fois que le forum montre son utilité. On cherchait depuis 1982 l’origine de la "carte de parcage" trouvée dans la Santana, la première voiture des tueurs. Parcage est peu utilisé en Belgique, où l’on préfère parking. C’est du forum qu’est venue la solution, en 2012 : un support de calendrier perpétuel offert à la clientèle, dans les années 70, dans les stations Esso.