8% des seniors sont victimes de violences sexuelles: les auteurs peuvent être des voisins, du personnel soignant, des religieux ou de la famille...
Tous les résultats de l'enquête.
Publié le 17-06-2021 à 20h45 - Mis à jour le 19-06-2021 à 19h03
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Cela peut aller d’un baiser forcé dans la nuque à un pelotage de sein ou d’entrejambe. D’une parole vicelarde, ou boursouflée d’allusions, au viol pur et dur, tenté ou abouti.
En Belgique, deux tiers de la population disent avoir été victimes de violences sexuelles au cours de leur vie. Plus interpellant encore : une personne âgée (+70 ans) sur douze en a subi au cours des 12 derniers mois.
C’est ce qui ressort de la première étude représentative à grande échelle sur cette problématique, menée par un consortium de l’UGent, de l’ULiège et de l’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC).
L’âge n’est donc en rien un frein pour les agresseurs sexuels. Dans 7 % des cas, il s’agit d’une forme de violence sexuelle n’impliquant pas un contact physique : "Des regards à connotation sexuelle, des commentaires sur le corps ou l’apparence, du voyeurisme, de l’exhibitionnisme, forcer à montrer une partie de son corps…", illustre Adina Inescu, chercheuse et doctorante à l’Université de Liège.

Dans 2,5 % des cas, ces abus impliquent des contacts physiques : "Embrasser, manipulation non appropriée, forcer physiquement à se déshabiller, toucher..."
Et dans 0,6 %, il s’agit d’un viol (pénétration vaginale, anale, digitale, avec un objet...) ou une tentative.
"Nous avons aussi constaté que les personnes âgées qui se sont identifiées comme non hétérosexuelles (NdlR : homosexuelles, bisexuelles, pansexuelles, asexuées ou autres), soit 7 % des répondants, ont vécu beaucoup plus de violences sexuelles au cours des 12 derniers mois."
Selon les souvenirs et la description des victimes, l’âge moyen des agresseurs de seniors est de 49 ans. "Dans l’ordre, on retrouve une simple connaissance ou un voisin. Par exemple, une femme touchée dans un ascenseur par quelqu’un qui habite le même bloc. Puis, un ami proche, un partenaire ou ex-partenaire. Puis, une personne qui a une position d’autorité, un religieux, un médecin, du personnel de maison de repos ou hospitalier. Par exemple, des commentaires du personnel soignant pendant les soins, genre ‘ oh, madame, vous avez encore de beaux seins pour votre âge. ’ Puis, une personne de contact via la vie sociale, un membre d’une même association bénévole qui vous embrasse par exemple. Et, enfin, un membre de la famille", détaille Adina Inescu.
Grande singularité concernant cette tranche d’âge : hommes et femmes sont victimes de façon égale alors qu’entre 16 et 69 ans, huit femmes sur dix et un homme sur deux disent avoir déjà subi des violences sexuelles.
Le sujet reste encore largement tabou. Moins de la moitié des victimes âgées ont déjà parlé de leur expérience à un membre de leur réseau social. Seuls 6 % ont cherché de l’aide auprès d’un professionnel. Et à peine 4 % ont signalé les faits à la police.
L’enquête indique aussi que les seniors continuent d’éprouver de la dépression, de l’anxiété, du stress post-traumatique… et à abuser d’alcool en raison de violences sexuelles antérieures.
Enfin, toujours parmi les répondants, 31 % des plus de 70 ans sont encore sexuellement actifs et 32 % pratiquent la "tendresse physique".