Les circonstances de la mort de Ilyes Abbedou au commissariat de la rue Royale restent floues : "De la négligence dans ce dossier"
Les circonstances de la mort d’un jeune algérien au commissariat demeurent floues.
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Publié le 06-07-2021 à 20h01 - Mis à jour le 07-07-2021 à 15h35
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Que s’est-il passé dans une cellule du commissariat de la rue Royale dans la nuit du 17 au 18 janvier dernier ? C’est là que Ilyes Abbedou, un Algérien de 21 ans en séjour illégal, a été retrouvé mort. Cela ne faisait même pas un mois qu’il était arrivé en Belgique. Depuis lors, le flou demeure. Tant le rapport d’autopsie que le rapport toxicologique n’ont permis d’en savoir davantage sur les causes du décès.
"J’ai été interpellée par des compatriotes algériens désemparés par ce qui s’est passé et qui m’ont demandé dès l’annonce du décès de m’occuper de cette affaire", explique Ghezala Cherifi, présidente de l’ASBL Les Amitiés belgo-algériennes. "Dans les heures qui ont suivi, j’ai pris contact avec le Consul général d’Algérie pour les démarches relatives à l’identification du corps et la prise en charge par les autorités consulaires algériennes des frais funéraires et de son rapatriement."
Ghezala Cherifi a ensuite été mandatée légalement par la famille d’Ilyes Abbedou pour la représenter en Belgique. "J’ai contacté un cabinet d’avocats qui a accepté de prendre cette affaire en main et je me suis ainsi constituée partie civile, ce qui a permis de saisir la juge d’instruction Anne Gruwez, qui a fait les devoirs d’enquête. Aucun juge d’instruction n’avait été saisi jusque-là et l’affaire serait restée sans suite si je n’avais pas fait toutes les démarches pour ne pas laisser la famille endeuillée sans réponses. "
Ilyes Abbedou avait été arrêté au centre commercial Docks Bruxsel pour avoir tenté de voler une veste à 119 euros et pour séjour illégal. C’est la raison pour laquelle il a été placé dans une cellule du RAC, la garde zonale de la police Bruxelles Capitale Ixelles. "Il séjournait dans un squat et on lui a pris ses affaires. C’était en plein hiver et il est donc allé voler une veste ", explique l’avocat Maître Vincent Lurquin.
Il explique, en se basant sur le rapport toxicologique, que Ilyes est arrivé au commissariat le dimanche 17 janvier à 18 h. Sa mort a été déclarée à 13 h 45 le lendemain. Il serait mort 12 heures avant qu’on ne découvre son corps, soit aux alentours de minuit/2 h du matin. "Pendant ce temps-là, il n’a reçu qu’une seule visite. Il est entré dans la cellule à 19 h, il a mangé, est allé se coucher et a reçu le petit-déjeuner à 7 h 30 du matin. Il ne bougeait déjà pas mais ce n’est qu’à 13 h 45, en rouvrant la porte, que les policiers se sont rendu compte qu’il était mort."
"On pensait que l’analyse toxicologique donnerait des indications sur les causes de sa mort mais ce n’est pas le cas. On demande dès lors à Anne Gruwez de soumettre celle-ci au médecin légiste et de pouvoir visionner l’ensemble de la vidéo, du début à la fin car, vers 9 h du matin, on aperçoit des traces de sang sur la vidéo mais il n’a reçu aucune assistance ", conclut Ghezala Cherifi, qui estime que la police a fait preuve de négligence dans ce dossier.
Enfin, un dernier élément, et non des moindres, mérite d’être clarifié. Il apparaît en effet qu’en début de nuit, l’Office des étrangers ait pris la décision de libérer Ilyes. "Cette décision ne lui a pas été notifiée et la clarté doit également être faite sur cet élément. Nous demandons qu’une enquête soit ouverte sur cet aspect également", conclut Me Lurquin.