Le Belge Jean-Louis “le Soumis”, condamné en 2016 à Bruxelles en tant que membre d’une filière terroriste, arrêté au Bénin et expulsé
Celui qui a été condamné pour propagande djihadiste disait, sans la moindre preuve, prospecter pour installer un projet agricole.
Publié le 05-02-2023 à 15h41 - Mis à jour le 06-02-2023 à 09h49
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Jean-Louis Denis a été interpellé mardi à Tourou dans le nord du Bénin. Il a été gardé à vue puis présenté au procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
La justice béninoise a ordonné, ce 3 février, l’expulsion immédiate d’un ressortissant belge de 49 ans condamné dans son pays en 2016 pour “recrutement de jihadistes”. Jean-Louis Denis, qui avait été surnommé “Le soumis” est de retour en Belgique depuis ce dimanche matin. Il y a rejoint sa compagne qui l’attendait chez la mère de l'expulsé, en Flandre.
L’agitateur, prédicateur aussi, a été condamné en 2016, reconnu coupable de diffusion de propagande djihadiste. Il est resté en prison cinq ans (de décembre 2013 à décembre 2018), dans la partie spéciale Deradex (“ déradicalisation”) de la prison d’Ittre, sans un jour de congé. Il était aussi suspecté d’avoir recruté, en 2013, plusieurs jeunes pour aller se battre en Syrie aux côtés de groupes armés terroristes. Mais la cour a estimé qu’il n’était pas prouvé que Jean-Louis Denis en avait incité à partir faire le djihad.
En prison, il avait refusé toute libération préventive ou conditionnelle pour de pas “bénéficier d’une mesure de faveur de la démocratie” et refusant d’être “soumis à des conditions.” A sa sortie, il est allé vivre chez sa mère.
Le procureur a ordonné qu’il soit expulsé au regard de ses antécédents, c’est-à-dire sa condamnation par la justice belge pour l’envoi de jeunes musulmans dans les rangs de combattants jihadistes en Syrie. Denis “Le soumis” aurait déclaré au cours de ses nombreuses auditions être venu au Bénin pour prospecter et installer un projet agricole d’envergure. Plus précisément, de permaculture selon nos informations.
Selon un proche, Denis n’aurait plus supporté la vie en Belgique, ne supportant plus ses mœurs contraires au Coran, et envisageait de s’installer ailleurs. Et le Bénin offre des terres à très bas prix…
Il a même eu le temps de visiter plusieurs domaines à Kétou au sud, Dassa au centre et Parakou au nord. Il sera interpellé à Tourou non loin de Parakou pour excès de vitesse du véhicule qui le transportait. Au cours de son audition, il n’a pu apporter la preuve du financement de son ambitieux projet agricole.
”Je ne crois pas une seconde qu’il avait des projets terroristes au Bénin. En prison, il a étudié des bouquins sur l’apiculture. Il a un rapport avec la terre, ce n’est pas un matérialiste”, dit encore ce proche.
Il se dirigeait vers le nord, en proie actuellement des agitations islamistes.
Le Bénin compterait 43 % de Chrétiens, 18 % d’adeptes de religions traditionnelles dont le vaudou. et 27 % de Musulmans. Ces derniers sont basés dans le nord, en proie actuellement des agitations islamistes. Dans ces circonstances, le procureur s’est opposé à la présence au pays d’un profil tel que celui du “Soumis” Quand il a été arrêté pour excès de vitesse, Jean-Denis Louis était encore en dessous de cette zone mais s’y dirigeait tout de même. “Depuis qu’il est sorti de prison, il n’y a plus le moindre dossier contre lui, il n’a plus été convoqué à la moindre audience”, rappelle son avocat Sébastien Courtoy.
Dans la voiture, il y avait aussi le chauffeur, un guide et une personne chargée de jouer les intermédiaires pour l’achat des terrains. Sur ce coup-là, il était de passage. Preuve en est, il avait sur lui un billet d’avion aller-retour au départ de la Belgique.