Procès des attentats : des images vidéo tremblantes, un sac à dos et un billet de 200 euros
Les enquêteurs ont fait preuve de trésors d’ingéniosité pour rechercher le deuxième terroriste du métro.
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Publié le 06-02-2023 à 15h25
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C’était rapidement devenu la priorité après les attentats du 22 mars 2016 à Zaventem et à Maelbeek : où était donc le deuxième terroriste du métro que l’on avait vu avec ce qui avait tout l’air d’être un sac d’explosifs ? Les enquêteurs déploieront des trésors d’ingéniosité pour tenter de remonter vers lui. En vain dans un premier temps.
Cette crainte d’un deuxième terroriste était apparue le jour même. Lorsqu’ils ont examiné à rebours les images des caméras de surveillance du métro, les enquêteurs ont vu, à l’entrée de la station de métro Pétillon à Auderghem, le kamikaze du métro. Il n’était pas seul. À côté de lui, se trouvait un autre homme, porteur d’un sac à dos similaire, mais d’une autre couleur, et qui n’était pas rentré dans la station.
Une analyse plus fine a permis de lire une inscription sur les sacs : Karrimor. Une recherche sur internet a établi qu’il s’agissait de sacs Karrimor Panther 65 litres. Trois magasins SportDirect en vendent à Bruxelles. Le 23 mars, dans l’après-midi, deux enquêteurs sont envoyés au magasin le plus proche du siège de la Police judiciaire fédérale, au centre commercial City 2.
Le sac le plus grand possible
Ils tournent dans le magasin et découvrent des sacs similaires. Ils interrogent le personnel. La comptabilité est examinée. Un vendeur se souvient avoir vu le 21 mars 2016 un homme qui “cherchait le sac le plus grand possible”. Il a jeté son dévolu sur le Karrimor Panther 65 litres. Il a demandé le même pour sa compagne. Le magasin ne disposait en réserve que d’un sac de couleur différente.
L’examen de la comptabilité permet de déterminer que les sacs ont été achetés à 16 h 55. Les images des caméras de surveillance sont examinées. L’acheteur, qui est resté 21 minutes dans le magasin, ressemble à l’homme vu à Pétillon. Le ticket de caisse permet de déterminer qu’il a réglé l’addition de 156 euros avec un billet de 200 euros.
C’est peut-être une piste. Le sac scellé contenant la recette du 21 mars 2016 n’a pas encore été ouvert. Il se trouve au siège de la société de gardiennage qui ramasse les recettes. Il est ouvert précautionneusement. Parmi les nombreux billets, il n’y a qu’un billet de 200 euros. Il est envoyé au labo. On ne décèle ni ADN, ni empreinte, ni trace d’explosifs sur ce billet.
Un billet émis en 2012 en Allemagne
Son numéro est étudié. Il révèle que le billet a été émis par l’Allemagne. Les enquêteurs parviennent à déterminer qu’il est entré en circulation le 21 août 2012 dans un des neuf bureaux de la banque centrale d’Allemagne. Sa trace se perd alors.
Le 8 avril 2016, l’homme recherché est arrêté. Il a été identifié via un autre canal, au départ d’une empreinte dans la planque Max Roos. Cette empreinte est reliée à un prétendu réfugié syrien, Naïm Al Hamad, enregistré en septembre 2015 en Grèce. Sa photo est étudiée. Elle correspond au suspect de Pétillon.
Ce Naïm Al Hamad avait loué début octobre une chambre d’hôtel à Ulm, le jour où Salah Abdeslam s’y était rendu. Une percée vient de la Sûreté suédoise qui l’identifie comme un Suédois parti en Syrie, Osama Krayem. C’est bien lui.
En interrogatoire, après son arrestation, il expliquera qu’il s’est débarrassé des explosifs dans la cuve des toilettes de la planque de l’avenue des Casernes.