67 km/h en zone 30: même pas d’amende pour le multirécidiviste!
Mais le juge attendait le fou du volant au tournant.
Publié le 09-03-2023 à 15h11
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Quand les avocats du cabinet Hamid El Abouti lui ont transmis le jugement, Soussia a d'abord poussé un 'Ouf' énorme de soulagement. C'était incroyable. Le tribunal de police de Bruxelles, qui le jugeait pour la cinquième fois, lui accordait la suspension probatoire du prononcé.
En clair : en dépit des antécédents, le Namurois obtenait une énième mesure de faveur. Le juge le déclarait coupable d'un excès de vitesse dans une zone 30, mais la peine n'était pas prononcée. Au détail près qu'il y avait des conditions....
L'an passé, le 19 mars tombait un samedi. A 23 h 53, une Citroën C4 était flashée à 73 km/h sur l'avenue Princesse Elisabeth. Nous sommes dans la commune bruxelloise de Schaerbeek et le véhicule circulait en direction de la place Verboekhoven. C'est Soussia qui conduisait. Le Lidar ne l'a pas raté.
Quand il recevait le pro justitia, le Namurois constatait que la vitesse, pour tenir compte d'une possible marge d'erreur technique, avait été corrigée à 67 km/h. Soit quand même plus du double du maximum autorisé dans ce quartier placé en zone 30.
Profil bas
L'affaire se présentait mal pour Soussia qui ne se vexera pas d'être décrit ici comme un habitué, un client fidèle du tribunal de police.
Ces dernières années, le trentenaire avait dû comparaître à quatre reprises en justice, à chacune d'elles pour des infractions de roulage : non assurance, défaut d'immatriculation, absence de contrôle technique, GSM au volant et vitesse excessive. En 2020, lors de la précédente comparution, Soussia s'en était tiré avec un retrait de permis et une amende de 800 euros.
Bref, il risquait gros. D'autant que selon le tarif en vigueur, un excès de vitesse supérieur de 30 km/h dans une zone 30 entraîne jusqu'à 4 000 euros d'amende et une déchéance du droit de conduire d'au moins huit jours, avec un maximum de cinq ans.
Sur les conseils avisés de ses défenseurs, Soussia choisissait de faire profil bas. Quand le juge lui a demandé s'il reconnaissait l'infraction, il a répondu par l'affirmative. Et quand le magistrat a voulu savoir s'il estimait que des circonstances plaidaient pour lui, Soussia s'est tu, tout simplement.
Décision éducative
Soussia n'en revenait pas. Il obtenait la suspension du prononcé. Il n'en croyait pas ses yeux. Il échappait à la déchéance du droit de conduire et n'aurait même pas une amende à payer. L'automobiliste pouvait croire que le tribunal lui faisait une fleur.
Sauf qu'en poursuivant la lecture, il apprenait que le juge le condamnait à retourner à l'école.
Et cette école porte un nom. On l'appelait, dans le temps, l'IBSR. Depuis 2017, l'IBSR est devenu Vias.
Le tribunal condamne donc Soussia à suivre l'un des modules de sensibilisation "vitesse" proposé par Vias, le module appelé 'Speeding 2.0'.
La formation consiste en trois sessions de trois et cinq heures suivies de deux fois deux heures de travaux d'apprentissage en ligne et de huit heures de pratique de conduite. Elle n'est pas gratuite : la formation est facturée 590 euros.
D'accord, aucune amende n'était prononcée et Soussia pouvait croire qu'il s'en tirait à bon compte. En réalité, s'il ajoute les frais de justice, son excès de vitesse en zone 30 lui coûtera au total plus de 700 euros.
Et surtout, le tribunal espère vraiment, grâce à cette sanction éducative qu'organise Vias, qu'il n'y aura pas de sixième comparution et qu'il ne reverra plus Soussia à l'avenir.