Les parents de Matthieu Sardo, tué lors d’un accident de voiture, sont abasourdis : “Le conducteur écope d’une peine bien trop clémente”
Le jugement renforce ses parents dans leur combat pour faire changer la loi
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Publié le 14-03-2023 à 11h47
”Le conducteur qui a tué notre fils aura à peine deux lignes dans son casier judiciaire. Nous, nous avons deux lignes sur une pierre tombale. Elles reprennent le nom de notre fils, sa date de naissance et sa date de décès.”
Les parents de Matthieu Sardo, tragiquement tué dans un accident de la route, le 10 juin 2021, ont pris un énorme coup sur la tête, lundi. Près de 20 mois après le décès de leur fils, le conducteur du véhicule à bord duquel se trouvait Matthieu, vient seulement d’être jugé. Et écope d’une peine qu’Alfio et Nathalie Sardo estiment trop clémente. “Il écope de 16 mois de prison avec sursis et de six mois de retrait de permis dont deux avec sursis, moins les 15 jours déjà effectifs après l’accident, indique Alfio, abasourdi par la clémence du tribunal de police. En clair, son permis ne lui sera retiré que pour 3,5 mois pour avoir ôté la vie d’une personne. Pour peu qu’il parte en vacances quelques semaines, il ne sera peut-être embêté que deux mois. C’est complètement indécent.”
Le jour des faits, Matthieu, 19 ans, gilles de La Louvière et membre de l’équipe U19 de la Raal, était sorti avec des amies dans un bar du côté de Mons. Tout était prévu : un Bob avait été désigné pour que tout le monde puisse rentrer en sécurité. Mais au moment de repartir, Matthieu, qui s’inquiétait pour une connaissance, est donc monté à bord de sa voiture, côté passager, sans forcément savoir que ce copain avait bu de l’alcool. Quelques kilomètres plus loin, le conducteur, sous influence, a perdu le contrôle de sa voiture qui est partie en tonneaux. Si lui s’en est sorti indemne, Mathieu est mort sur le coup.
Depuis, Nathalie a écrit un livre sous forme d’exutoire ('Matthieu journal d’une mère en apnée', aux éditions Luc Pire), pour mettre des mots sur le drame et tenter de comprendre l’incompréhensible. Alfio, lui, a souffert d’un début d’infarctus, prend encore aujourd’hui des antidépresseurs, des somnifères pour dormir et des anxiolytiques. Tous deux sont en arrêt maladie.

Ils espéraient beaucoup du jugement devant le tribunal de police. Pour enfin pouvoir faire le deuil de Matthieu. Mais le jugement vient de les replonger dans la douleur. “16 mois de prison avec sursis, ce n’est rien, déplore Alfio Sardo. C’est d’une indécence totale pour toutes les victimes de la route. Pendant plus de 20 mois, le conducteur de la voiture a pu vivre normalement. Et ce sera encore le cas dans le futur. Il sera juste un peu ennuyé par son retrait de permis. Matthieu et nous sommes les seules victimes de cet accident. Lui pourra poursuivre sa vie presque normalement. Matthieu par contre n’aura plus jamais la chance de se marier, d’avoir un boulot, des enfants… La justice est trop laxiste. Avec de tels jugements, tous ces conducteurs sous influence qui tuent sur la route se sentent invulnérables.”
Un jugement qui renforce Alfio et Nathalie dans leur combat pour honorer la mémoire de Matthieu mais aussi de ces victimes des chauffards de la route. Pour mettre fin à ce sentiment d’impunité qui peut naître dans l’esprit des récidivistes. “À partir du moment où des conducteurs boivent de l’alcool ou prennent des drogues, cela ne devrait plus être considéré comme un banal accident lorsqu’ils tuent ou blessent grièvement des innocents. Ils savent pertinemment que c’est risqué mais ils le font quand même. Dès lors, les jugements doivent être beaucoup plus sévères.”
Alfio Sardo se bat désormais pour faire changer la loi. De manière à ce qu’un conducteur, sous influence de la boisson ou de la drogue, qui tue quelqu’un sur la route se voie retirer son permis jusqu’au procès. “Pour qu’il ne puisse plus continuer sa vie comme si de rien n’était.”
Alfio, qui a eu de nombreux contacts politiques, souhaite aussi que la procédure judiciaire, en cas d’accident grave, soit accélérée. “Pour que le jugement n’arrive plus 20 mois après les faits. OK il y a la présomption d’innocence. Mais quand on est pris en flagrant délit, la procédure devrait être automatique.”
Et enfin que de tels drames soient correctionnalisés. “Quand on prend le volant sous influence, on sait ce qu’on fait. Les sanctions doivent être plus sévères.”