Lutte contre le trafic de drogue, d'armes et le transport d’argent sale : les compartiments cachés dans les véhicules bientôt punissables
En 2022, la police a intercepté une quantité record d’argent liquide et de drogues dans des compartiments cachés.
Publié le 23-03-2023 à 18h16 - Mis à jour le 23-03-2023 à 22h44
Équiper une voiture d’un compartiment caché deviendra bientôt punissable. En effet, depuis plusieurs années, la police et le parquet constatent que des bandes criminelles équipent des voitures de compartiments cachés pour transporter de la drogue, des armes ou de l’argent provenant d’activités criminelles sans se faire repérer. En 2022, la police fédérale a découvert 95 véhicules avec des compartiments cachés, dissimulant un total de 1,7 million d’euros en liquide, 1,8 tonne de cocaïne, 95 kg de haschisch, 8 kg de cannabis, 4 kg d’héroïne, des armes et des téléphones portables. Il arrive également que des espaces cachés vides soient découverts. Il s’agit d’un record absolu. À titre de comparaison, en 2021, il ne s’agissait que de 225 000 euros d’argent liquide, 37 kg de cocaïne et un total de 60 kg d’héroïne, de cannabis, de haschich et d’amphétamines qui avaient été interceptés dans des espaces cachés.
Les bandes criminelles sont également de plus en plus inventives. Elles installent même des gadgets de haute technologie qui, par exemple, garantissent que le compartiment caché ne peut être ouvert qu'à distance ou en appuyant simultanément sur plusieurs boutons existants sur le tableau de bord.
À chaque fois, il s’est avéré que les occupants avaient des liens avec le monde criminel. Les bandes criminelles sont également de plus en plus inventives. Elles installent même des gadgets de haute technologie qui, par exemple, garantissent que le compartiment caché ne peut être ouvert qu’à distance ou en appuyant simultanément sur plusieurs boutons existants sur le tableau de bord.
Le ministre Van Quickenborne a donc décidé de rendre punissable le fait d’équiper ou de posséder une voiture à compartiment caché. Cette mesure sera incluse dans le nouveau code pénal et sa mise en œuvre sera accélérée. La peine maximale pourra aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.
”La police trouve de plus en plus de voitures avec des compartiments cachés, dans lesquels on trouve parfois d’énormes quantités d’argent, de drogues et d’armes. Les criminels deviennent aussi plus inventifs et professionnels. Certaines bandes criminelles ont même une sorte de département spécialisé dans la transformation des véhicules. La Justice doit pouvoir agir, même si les compartiments cachés s’avèrent vides. C’est pourquoi l’équipement et la possession d’un véhicule doté d’un compartiment caché seront explicitement punissables. Cela donne à nouveau plus de poids à la police et aux parquets dans la lutte contre le crime organisé”, explique le ministre.
La section “Drogues” de la Direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC) a donc mis en place un réseau d’experts en matière d’espaces cachés au sein de la police fédérale en 2020. Dans un premier temps, l’équipe a été chargée de contrôler minutieusement les voitures saisies par les bandes criminelles, notamment à l’aide de scanners et de chiens renifleurs. Cela a déjà permis de faire de nombreuses découvertes qui avaient échappé aux premiers constats. Il peut s’agir d’espaces aménagés sous les tapis de sol ou dans la carrosserie, par exemple. Entre-temps, plus de 2 000 policiers belges ont suivi cette formation.
Jusqu’ici, le simple fait d’équiper un véhicule d’un compartiment caché ou d’en posséder un n’est actuellement pas une infraction pénale. À terme, toute personne qui équipe un véhicule d’un espace caché est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 20 000 euros. Quiconque a un tel véhicule en sa possession risque une peine d’emprisonnement de 6 mois à 3 ans. Si une personne équipe des voitures avec des compartiments cachés en tant qu’occupation illégale ou plusieurs fois de suite, la peine peut aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. Par contre, un compartiment aménagé par un constructeur automobile ne sera logiquement jamais visé par cette incrimination. Les automobilistes ordinaires n’ont donc rien à craindre.