Un fléau pour la sécurité routière: voici le portrait-robot du conducteur sans permis, on en croise 128 sur nos routes chaque jour
Un fléau en termes de sécurité routière. Selon plusieurs études, ils auraient 2,5 fois plus de risques d’avoir un accident que les autres conducteurs.
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Publié le 26-05-2023 à 06h59
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Pour des milliers de jeunes adolescents, l’anniversaire des 18 ans est attendu avec une certaine impatience. C’est à partir de cette date seulement qu’ils pourront passer leur permis de conduire pratique. Lequel rime souvent avec émancipation des parents et liberté. Plus besoin de papa ou maman pour aller quelque part, il suffit de s’installer derrière le volant et de tourner la clef dans le démarreur pour assouvir ce besoin de liberté.
Mais des milliers d’autres conducteurs ne s’encombrent pas d’une telle formalité et prennent le volant de leur voiture sans le sésame les y autorisant. Les derniers chiffres, pour 2022, de la police fédérale sont particulièrement interpellants : l’an dernier, un peu plus de 47 000 automobilistes ont été verbalisés alors qu’ils n’avaient pas ou plus de permis de conduire. Soit près de 128 cas chaque jour. “Un chiffre qui n’est sans doute que l’arbre qui cache la forêt, déplore Benoît Godart, porte-parole de l’Institut Vias. Selon les estimations, il y aurait près de 100 000 conducteurs sans permis sur nos routes.”

Selon Benoît Godart, il y aurait trois types de personnes plus enclines à prendre la route sans permis. D’abord ceux qui n’ont jamais passé le permis ou qui ont échoué à plusieurs reprises et qui, malgré tout, prennent le volant. “Ensuite ceux qui roulent malgré une déchéance du droit de conduire, la plupart du temps pour une infraction grave comme un gros excès de vitesse ou une forte alcoolémie. Et enfin ceux qui sont sous le coup d’une déchéance du droit de conduire pour raisons médicales et qui, estimant être à nouveau aptes à conduire, reprennent le volant alors que ça leur reste interdit.”
La conduite sans permis suit la même tendance à la hausse observée pour l’ensemble des infractions routières (7,6 millions, + 38 % par rapport à l’avant-covid). De 38 500 verbalisations en 2019, on est passé à 47 000 l’an dernier. Soit 22 % de hausse. “Il y a probablement plusieurs pistes pour expliquer cette augmentation, indique Benoît Godart. Notamment depuis la loi sur la récidive croisée qui fait qu’on peut être privé plus facilement du permis de conduire en cas de récidive, même pour un autre type d’infractions. Cela entraîne davantage de déchéances du droit de conduire. Et donc de possibilité pour un conducteur de rouler sans permis. ”
Ensuite, le développement du réseau de caméras ANPR serait une aide précieuse pour les policiers dont les voitures sont de plus en plus équipées. “Quand ils croisent un véhicule dont le conducteur est censé être déchu du droit de conduire, ils sont avertis en direct et peuvent donc le contrôler plus rapidement.”
Enfin, le coût très onéreux du permis de conduire – et plus particulièrement des autos-écoles – pousserait ceux qui n’ont pas les moyens de se le payer à conduire sans permis. “Bien sûr, ils peuvent toujours suivre leur formation en filière libre mais tout le monde n’a pas forcément quelqu’un d’apte à lui servir de guide.”
Selon plusieurs études, ces conducteurs sans permis auraient 2,5 fois plus de risques d’avoir un accident que les autres conducteurs. “Notamment car beaucoup de ces automobilistes ont été déchus en raison de leur comportement sur la route.”
Un comportement risqué aussi sur le plan financier, un automobiliste sans permis encourt une amende située entre 1600 et 16 000 €. “Et, ça peut paraître paradoxal, une déchéance du permis allant de 8 jours à cinq ans.”