Le prof avait gravé son nom et dessiné un cœur sur le front d’une élève en classe de neige: viré pour faute grave!
Un instituteur bruxellois a été licencié pour "atteinte à la dignité d’enfants" lors de classes de neige dans les Alpes françaises.
- Publié le 01-06-2023 à 14h57
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L’enseignant qui avait gravé son prénom au marqueur et dessiné un cœur sur le front d’une élève a finalement été licencié pour faute grave. La sanction est devenue définitive.
L’affaire, qui avait fait du bruit, avait pour cadre des classes de neige dans les Alpes françaises auxquelles participaient des élèves de cinquième et de sixième primaires, âgés de 11 et 12 ans, d’un établissement bruxellois. L’instituteur, un jeune enseignant qui contestait la sanction, avait porté l’affaire devant le Conseil d’État. Il a perdu son recours en dépit du soutien de plusieurs parents. Nombreux, en effet, lui avaient exprimé leur sympathie quand l’affaire avait éclaté au grand jour. Des parents vantaient sa disponibilité et la qualité de sa pédagogie.
Les circonstances
Dans un premier temps, l’affaire n’avait pourtant pas choqué grand monde. Elle aurait même pu passer sous le radar. Personne à l’école n’en avait rien dit pendant plusieurs semaines. Elle n’avait été ébruitée que plus d’un mois après la fin du séjour à la montagne.
Les élèves étaient rentrés à la mi-mars. Il avait fallu attendre la fin avril pour que les parents d’un élève, d’un seul élève, s’en émeuvent et portent les faits à la connaissance de la direction de l’établissement. Encore ne s’agissait-il que de la version d’un enfant de douze ans.
Selon lui, l'instituteur "buvait tous les soirs un à deux verres de vin".
Deux incidents particuliers s'étaient déroulés à la fin du séjour. Lors d'une soirée, l'enseignant avait "pris une élève sur ses genoux", il avait "rigolé avec elle" et avait dit qu'il "allait la coucher". L'instituteur, de plus, avait écrit son prénom sur le front d'une autre élève, à l'aide d'un marqueur "indélébile", et avait également dessiné un cœur.
Vin à table
La direction, informée de ces faits que personne n’avait jugé utile de signaler plus tôt, ouvrait un dossier disciplinaire. Durant l’enquête, les enseignants ayant participé au séjour étaient interrogés ainsi que des élèves. L’instituteur, de son côté, était invité à donner ses explications.
S'il admettait avoir bu "un à deux verres" aux repas du soir, il répondait que le vin était tout simplement présenté à table et que puisqu'il était proposé, il s'en était servi, en effet, avec modération, de même que d'autres. Il s'étonnait qu'on le lui reproche. La direction en effet devait le savoir, ajoutait-il, puisque c'est elle qui avait organisé le séjour qui prévoyait que du vin soit servi aux repas. Alors, avait-il bu ? Oui, bien sûr, faisait-il, "comme d'autres instituteurs et institutrices".
L'école n'en a pas moins retenu à sa charge le grief d' "avoir consommé de l'alcool alors qu'il était en activité de service" et d' "avoir adopté un comportement banalisant la consommation".
La tradition des tee-shirts
L’instituteur niait qu’il ait 'fait monter' une élève sur ses genoux. Les choses, selon lui, ne s’étaient pas déroulées ainsi. En réalité, c’est l’élève qui était montée 'spontanément' sur ses genoux pour faire signer son tee-shirt.
Puis, comme la soirée se terminait et que l'élève retardait le moment de rejoindre sa chambre, il avait effectivement annoncé, "sur le ton de la plaisanterie", qu'il allait "la coucher", ce qu'il n'a bien sûr pas fait. L'instituteur s'insurgeait contre l'interprétation et les sous-entendus qui circulaient, de même qu'il réfutait avoir tenu des propos déplacés et posé le moindre geste inapproprié que ce soit.
Enfin, il avait en effet gravé son prénom au marqueur et dessiné un cœur sur le front d'une autre élève. Sauf que le marqueur, précisait-il, n'était pas "indélébile". En fait, l'incident était à placer dans le contexte de la dernière soirée et l'ambiance d'une fin de séjour où faire signer ses tee-shirts par l'instituteur en guise de dédicaces relève d'une sorte de tradition.
L’instituteur faisait observer que les élèves en général l’avaient très bien compris ainsi que les parents. Ni l’élève dont il avait marqué le front ni ses parents n’avaient non plus formulé la moindre plainte à ce sujet.
Atteinte à la dignité
La sanction est devenue définitive. Pour la prendre, l'établissement justifiait que l'enseignant avait déjà été mis en garde. La direction lui avait reproché précédemment des comportements "puérils", "déplacés" voire "irresponsables".
L’instituteur était pourtant apprécié. Des parents le soutenaient.
Il est licencié sans préavis pour faute grave, pour avoir "nui à l'image du corps professoral et à la réputation de l'établissement" en ayant adopté "des comportements portant atteinte à la dignité d'enfants" et "de nature à inquiéter les parents".
Des collègues avaient également pris sa défense. L'enseignant, rappelaient-ils, avait "très bien fonctionné" durant tout le séjour, et s'était montré "particulièrement disponible", notamment dans la prise en charge des enfants qui n'allaient pas skier." L'enseignant avait été engagé l'année précédente. C'est la première fois qu'il partait en classe de neige. Les collègues faisaient valoir son jeune âge, son manque d'expérience. Tant d'éléments pouvaient plaider pour lui. Aucun n'a suffi.