Décès de l’homme retrouvé coincé dans le volet du métro à Rogier: "On peut déposer plainte pour homicide involontaire"
C’est le quatrième cas similaire en deux mois, même si les trois précédents n’ont fait “que” des blessés. “Lorsqu’il y a succession d’accidents, on peut déposer plainte pour homicide ou blessures involontaires”, explique l’avocat pénaliste Pierre Chomé.
- Publié le 04-06-2023 à 18h13
Un homme est décédé dans la nuit de vendredi à samedi après être resté coincé dans un volet roulant de la station de métro Rogier, dans le centre de Bruxelles. “Il était coincé au niveau de la partie supérieure du torse. Après avoir été dégagé, une tentative de réanimation, malheureusement infructueuse, a été immédiatement effectuée. L’homme est décédé sur place”, décrit le porte-parole des pompiers, Walter Derieuw. “Il s’agit d’un homme qui a tenté d’entrer dans la station de métro juste avant l’ouverture du volet roulant mécanique”, a déclaré Cindy Arents, porte-parole de la Stib. “Lorsque le volet s’est relevé, il est resté coincé et est malheureusement décédé.” Informé, le parquet considère les faits comme un accident et a décidé de ne pas ouvrir d’enquête judiciaire.
Ce drame intervient après plusieurs incidents impliquant les volets de stations. Mercredi, à la station Porte de Hal, la jambe d’un homme était coincée. Il a été transporté à l’hôpital. Une semaine auparavant, un incident semblable s’était produit à la station Parvis de Saint-Gilles. Le 19 mars, un homme avait été coincé dans l’une des entrées de la station Porte de Namur. “Il s’agit de personnes qui tentent d’entrer dans la gare. La raison pour laquelle elles le font juste avant l’ouverture des volets n’est pas claire pour nous”, a déclaré un autre porte-parole de la Stib. La société de transport n’explique pas la recrudescence des cas. “Toutes les stations s’ouvrent en même temps avec un volet automatisé. Lorsqu’il y a un blocage, on envoie une équipe directement, c’est ce qui a été fait”, ajoute-t-elle contactée par nos soins. Un agent de la Stib que nous avons pu questionner voit dans ces accidents, la fin des rondes de nuit pour certaines équipes de la Stib. “Ces rondes permettaient aux agents de sécuriser rapidement les personnes parfois en détresse.”
Pierre Chomé est avocat pénaliste. Il ne se prononce pas ici spécifiquement sur ces incidents “Stib” mais de façon générale. “Lorsqu’il n’y a qu’un cas, on peut parler de force majeure, pas lorsqu’il y a succession d’accidents similaires. Si le parquet n’ouvre pas d’enquête, il y a, à mon sens, matière à déposer plainte pour homicide ou coups et blessures involontaires. Un parquet peut considérer qu’il ne s’agit que d’accidents mais ne pas désigner ne fût-ce qu’un expert reste étonnant. Des cas pareils me font penser à des affaires que j’ai traitées il y a vingt ou trente ans. Lorsque les ascenseurs ont proliféré et qu’il y a eu de nombreux accidents avec des personnes coincées par la porte. Il y a ensuite eu de nouvelles règles imposant des doubles portes, qui ont coûté très cher. Mais, au moins, dès qu’il y a obstruction, la pression des fermetures de portes s’annule. Peut-être faut-il un système qui, dès qu’il y a une anomalie, stoppe la mécanique. On peut aussi évoquer les portes de garages qui s’abaissaient sans stopper même si la voiture, ou même un piéton, était toujours en dessous.”

L’avocat Christian Botteman est, lui, expert en responsabilité civile : “Lorsqu’il y a succession d’accidents, il y a potentiellement défaut de sécurité. Un parquet fait ce qu’il veut, il peut considérer qu’il s’agit d’accidents et ne pas poursuivre. Mais les proches d’une victime décédée ou des blessés peuvent toujours déposer plainte et saisir un juge d’instruction.”
