Elle sort de la prison à la veille du procès d'assises, par manque de magistrats !
Incroyable décision à Mons dans l'affaire de l'assassinat atroce en 2020 de Luis, père d'un enfant de 14 ans
- Publié le 09-06-2023 à 13h08
- Mis à jour le 09-06-2023 à 13h12
:focal(1495x1005:1505x995)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7KWQCXX72NGVVFYJOZZHDJIQNM.jpg)
"Un scandale" a réagi l'avocat du barreau de Bruxelles Me Mehdi Abbes, à l'annonce de la sortie de prison, ce vendredi, ordonnée par la chambre des mises en accusation du Hainaut, d'un des deux auteurs présumés de l'assassinat en 2020 de M Luis Gonzalez Rojas, dont le procès, d'au moins sept audiences, était initialement prévu le 19 juin prochain. Le jury d'assises devait être constitué jeudi.
Scandale, répète l'avocat, dans la mesure où cette sortie de prison, exceptionnelle car survenant à la veille du procès d'assises, est due à un ... manque de magistrats.
Par manque de magistrats disponibles à la cour d'appel du Hainaut, le procès, qui devait débuter dans dix jours, a dû être postposé de cinq mois. La défense de l'accusée principale a demandé, dans ces conditions, que la cliente, Annelise A., épouse de la victime, puisse quitter la prison et rester détenue sous la modalité de la surveillance électronique, ce que la chambre des mises en accusation a accepté.
Le 17 février 2020, une voiture avait été retrouvée immergée dans le Canal du Centre, à Bois d'Haine.
Cette Dacia Donner blanche de la société Pirson avait été extraite du cours d'eau. A l'intérieur, les secours avaient découvert le corps sans vie de son utilisateur habituel, Luis Gonzalez Rojas, résidant à Manage, et qui avait disparu dans la nuit du 16 au 17, après avoir quitté son domicile.
Luis était marié et père d'un enfant de 14 ans.
Ses activités professionnelles, pour cette société Pirson, l'amenaient régulièrement à se rendre à l'étranger. C'est d'ailleurs l'explication qu'apportait son épouse Annelise A.
"Il est parti en me laissant l'argent nécessaire pour le ménage", expliquait-elle en substance.
Sauf que l'autopsie révélait que son mari avait été abattu de 8 ou 9 balles, tirées dans la tête ou dans la poitrine.
Deux suspects étaient interpellés le mercredi suivant, dont l'épouse du défunt et un ami à elle, Didier B., d'une cinquantaine d'années. Tous deux niaient les faits.
Selon des éléments d'enquête, Annelise, lors du dernier repas, aurait administré, dans les aliments, des doses massives de Diazepam, qui auraient ôté toute capacité de résistance. Le plan diabolique, si c'était bien le cas, n'aurait échoué que parce que le véhicule, contre toute attente, est resté en partie immergé, et visible, dans le canal.
Après deux ans de détention préventive, la défense des suspects demandait régulièrement leur mise en liberté, qui leur était systématiquement refusée.
Début mai, le parquet général du Hainaut communiquait qu'au vu du manque de magistrats disponibles à la cour d'appel, il allait falloir remettre le procès d'assises, prévu pour juin, au 6 novembre 2023.
La défense, en particulier celle d'Annelise, a pu plaider la durée de la détention préventive. La chambre des mises en accusation s'est rangée à l'argument et a donc autorisé la sortie de prison de l'accusée. Conseil de la famille de Luis Gonzalez Rojas, en particulier de son fils âgé à présent de 17 ans, Me Mehdi Abbes a été contacté : "Sans le manque de magistrats, aucune chambre des mises en accusation n'aurait autorisé cette mise en liberté. Encore une fois, ce manque éternel de juges entraîne de telles décisions. Depuis les dizaines d'années où je suis avocat, aucun ministre de la Justice à ce jour n'a trouvé de solution. Il y a un manque dans tous les tribunaux, toutes les cours d'appel en Belgique. L'incompréhension, la colère est totale pour la famille de Luis. J'ai passé la matinée à appeler les membres de la famille afin d'expliquer l'impossible. Pour eux, c'est impossible. J'en ai des crampes d'estomac. J'ai entendu les cris, les pleurs. Une mère me dire : "comment vais-je annoncer cela à mon fils quand il va revenir de l'école. Cette femme (Annelise A., présumée innocente, ndlr) va profiter de ses enfants pendant six mois alors que lui ne va plus profiter jamais de son père. Ce garçon qui a mangé avec son père son dernier repas a dû apprendre qu'il mangeait avec celui à qui l'on faisait prendre des substances qui allaient permettre de le mettre à mort ".