Le mois passé, on divulguait la vidéo raciste des deux policières. La semaine passée, le parquet d’Anvers voulait juger, d’un coup, 30 policiers pour harcèlement entre collègues et racisme, en particulier ceux issus de l’immigration. Ces affaires ne surviennent pas par hasard. Elles n’ont pas surpris Rachid, 40 ans, qui fut pendant douze ans à Bruxelles et a quitté la police "après en avoir bavé". "C’est un métier dont le statut protège bien, sans doute même trop bien quand j’apprends que les deux policières (de la zone Midi) sont toujours en service. Et c’est un métier qui en vaut la peine. Mais je veux prévenir les jeunes issus comme moi de l’immigration qu’ils doivent s’attendre à faire face à du racisme, y compris de la part de leurs propres collègues."
Rachid n’oublie pas ce matin de l’été 2015 où une collègue du service roulage l’a traité de "bougnoule", en présence de quatre inspecteurs dont deux réagirent en rigolant. Elle entrait dans le bureau et, le voyant en train de rédiger un P.-V. derrière son PC, lança à la volée : "Ah, le bougnoule est là." La collègue a dû s’en rendre compte. "J’ai vu le sang lui monter au visage. Mais il n’y a jamais eu d’excuse de sa part ni de la part des collègues."
Il savait que des collègues refusaient de sortir en patrouille avec lui, et que la hiérarchie laissait faire et fermait les yeux. Il était confronté à des collègues qui devaient avoir des problèmes avec l’islam. Une plaisanterie consistait à lui téléphoner en interne et au moment de décrocher, singer l’appel à la prière "Allahu akbar".