La promesse du président

Vincent Schmidt
La promesse du président
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Nicolas Sarkozy avait fait de la libération d'Ingrid Betancourt une priorité. Un fameux pari loin d'être gagné

PARIS En campagne, Nicolas Sarkozy avait répété sa volonté d'aboutir à la libération d'Ingrid Betancourt. Alors que les négociations semblaient enlisées, que les Affaires étrangères françaises oeuvraient loin de l'avant-plan, le président français a d'emblée reçu les proches de l'otage franco-colombienne lors de son accession à l'Élysée. Plus récemment, il a reçu Hugo Chavez, des mains duquel il espérait une preuve de vie d'Ingrid Betancourt, qui surviendra quelques jours plus tard lorsque les autorités colombiennes interceptèrent un message que des membres des Farc s'apprêtaient à délivrer.

Le président colombien Uribe avait, peu de temps auparavant, déchargé Hugo Chavez de son rôle de médiateur, au grand dam de la France notamment. La libération de trois otages par les Farc s'apparente donc à une lueur d'espoir, même si l'on doute que les guérilleros accèdent à la demande du président français de libérer Ingrid Betancourt pour Noël. Le rôle d'Hugo Chavez pourrait d'ailleurs être prépondérant, dans la mesure où le président vénézuélien entretient de bonnes relations avec les Farc, qui bénéficient de la porosité de sa frontière et d'un certain soutien idéologique.

Pour l'Élysée, les preuves de vie fournies fin novembre se sont révélées précieuses à plus d'un titre. Non seulement parce que de telles preuves n'avaient plus été fournies depuis 2003, mais aussi parce qu'elles légitiment un peu plus l'énergie consacrée par Nicolas Sarkozy à la libération d'Ingrid Betancourt, celle-ci étant apparue plus que diminuée dans la vidéo interceptée sur les membres des Farc.

D'autre part, la présence d'otages américains sur les images contraint Washington à oeuvrer également à la libération des prisonniers des Farc, offrant à la France un allié de poids dans ce difficile combat. Le gouvernement américain s'était en effet peu à peu désintéressé de ce dossier, estimant les otages perdus.

Par ailleurs, la libération de ces trois otages, tout comme les preuves de vie, démontre la volonté des Farc de négocier. Toutefois, leurs demandes semblent, pour l'heure, difficiles à satisfaire. Plus encore que la libération des leurs, c'est la demande d'une zone de négociation démilitarisée qui fait partie de leurs exigences. Sans compter que la perpétuelle tension qui règne entre Uribe et Chavez complique la situation. Mais jamais l'espoir d'une libération n'a été aussi réel...


Prudence et mobilisation en France
La France reste prudente et "extrêmement mobilisée" après l'annonce par les Farc de la libération de trois otages, dont la directrice de campagne d'Ingrid Betancourt, a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez.

"Ça va dans le bon sens", a déclaré Nicolas Sarkozy à la sortie du Conseil des ministres, qui se tenait exceptionnellement à l'Hôtel Marigny. Pendant le Conseil, le chef de l'État "a relevé qu'évidemment c'était un message d'espoir, un message d'encouragement fort", a rapporté le porte-parole du gouvernement lors de son compte rendu. "On est très prudents à ce que tout se fasse étape par étape et à ce qu'on soit très rigoureux [...] La France reste extrêmement mobilisée sur ce sujet", a-t-il poursuivi, évoquant des efforts communs et continus avec la Suisse et l'Espagne. Le rôle de médiateur du président vénézuélien Hugo Chavez a été souligné. "Cela valide bien le choix qui a été le choix de la diplomatie française et du président de la République", a-t-il ajouté. Pendant le Conseil des ministres, François Fillon et Bernard Kouchner ont souligné que ce sont les "engagements et les initiatives françaises qui ont vraiment permis d'en faire l'un des thèmes centraux en ce moment en Amérique du Sud", a poursuivi le porte-parole. "La France est très mobilisée [...] et elle a mis en oeuvre tout ce qui est nécessaire et tous les canaux nécessaires pour obtenir satisfaction", a ajouté M. Fillon, refusant d'être plus précis.

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