Chastel: “On veut tracer la voie à suivre…”
Publié le 20-10-2010 à 06h55 - Mis à jour le 20-10-2010 à 09h40
Olivier Chastel (MR) fait le point sur la présidence belge de l’UE
BRUXELLES La crise politique belge a ses bons côtés. Elle permet au gouvernement en affaires courantes de se consacrer à la présidence belge de l’Union européenne. “Et de l’avis général, elle fonctionne assez bien” , assure Olivier Chastel (MR), secrétaire d’État aux Affaires européennes.
Cela fait 3 mois et demi que la présidence a commencé. Elle se termine fin décembre. Ça vous botterait d’aller jusqu’au bout ?
“L’expression est bonne… Mais je pense que notre pays a besoin d’un gouvernement de plein exercice rapidement. La succession entre les ministres se fera en un temps record, même si c’est vrai qu’on ne remplacera pas l’expérience acquise par certains dans leurs compétences – dont Didier Reynders (MR) aux Finances.”
Le gouvernement voulait une présidence concrète… Quelles avancées ont été engrangées ?
“On s’était fixé des objectifs concrets et de méthode. Sur le concret, l’aspect le plus criant est la lutte contre la crise financière, économique et sociale (voir ci-contre).”
Et la méthode ?
“On veut mettre en œuvre en Europe une sorte de jurisprudence du rôle nouveau de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Nous voulons quitter notre présidence après avoir assis les nouveaux personnages de ce traité : Catherine Ashton, haut représentante de la diplomatie européenne; et Herman Van Rompuy, président permanent du Conseil de l’Union.”
En somme, tracer la voie…
“Exact. À ce propos, le service européen d’action extérieure, ce fameux service diplomatique européen, est en train de se concrétiser. Pour 2011, Mme Ashton aura tout sur la table pour le mettre en place.”
Qu’est-ce que ça va changer pour les citoyens ?
“Quand ils seront à l’étranger, ils s’adresseront à une représentation de l’Union européenne et plus, par exemple, à l’ambassade belge. Demain, on aura une vitrine unique de l’Union et, éventuellement, des autres États membres.”
Bientôt un passeport européen ?
“Mouais…”
Je me projette ?
“C’est aller un peu vite.” (Rires)
© La Dernière Heure 2010
Confédéralisme? "Non, lisibilité"
Regard sévère de Chastel sur “l’échec” des négociations belges
Quel regard portez-vous sur la crise ?
“Un regard navré sur quatre mois d’échec.”
Didier Reynders (MR) veut réunir les quatre plus grands partis (N-VA, PS, MR et CD&V) pour voir ce que francophones et Flamands peuvent encore faire ensemble...
“Ça me semble logique. Mais ce qui est certain, c’est que les 7 ont échoué sur la méthode. Que reste-t-il au fédéral ? Qu’est-ce qui est transféré ? On ne sait pas. La bonne méthode, c’est de dire que l’État fédéral continue d’exister avec des missions claires et homogènes.”
Lesquelles ?
“La Défense nationale, la sécurité, la justice, la sécurité sociale (si on en veut encore; nous, nous le voulons). Etc. Les grands domaines.”
Est-ce la voie du confédéralisme ?
“Je n’appelle pas ça du confédéralisme, mais de la lisibilité dans nos institutions. Cela impose que l’on parle de pans homogènes de compétences. La santé, par exemple, c’est sept ministres dans notre pays… De grâce, faisons quelque chose de lisible pour nos citoyens. Et le reste va vers les Régions et les Communautés. Demandons-nous ce que nous voulons faire encore ensemble au gouvernement fédéral.”
Une méthode efficace, selon vous ?
“Je suis sûr qu’il y aurait eu moins de concessions aux partis flamands parce qu’ils auraient pu se retourner devant leur électorat en disant : On a une vraie réforme de l’État. Aujourd’hui, on se trouve en face de quelque chose d’illisible et d’invendable aux citoyens.”
Olivier Maingain (FDF) est-il d’accord ?
“Il n’y a pas grand-chose qui nous sépare.”
Quid de l’arrivée du FDF à Charleroi ?
“J’accueille le FDF à Charleroi positivement parce qu’il se présente comme un complément à ce que le MR propose déjà en Wallonie.”
Avec des accents plus sociaux ?
“Je ne pense pas. Je dirais que des citoyens qui viennent habiter en Wallonie – à cause de la pression foncière à Bruxelles – sont sensibles à cet aspect communautaire, défense des francophones. Si le FDF nous apporte cette sensibilité, je m’en réjouis.”
Mais fixez-vous des limites ?
“On n’importera pas le modèle bruxellois de cohabitation entre libéraux et FDF. Nous aurons des listes communes sous le sigle MR, avec un seul programme. Et sans rivalités internes comme à Bruxelles – désolé de le dire !”
© La Dernière Heure 2010