Vers une abstention record à la présidentielle française qui pourrait tout changer: "Le profil type de l'abstentionniste n'est plus le même aujourd'hui"
Le profil des électeurs français qui s'abstiennent le plus ne se limitent plus qu’aux jeunes et aux classes populaires mais gagne du terrain au sein des classes moyennes.
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Publié le 09-04-2022 à 10h12
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La Fondation Jean Jaurès et l’Ipsos-Sopra Steria a oublié une enquête de grande envergure réalisée auprès de 12 000 Français interrogés sur leurs intentions de vote et leurs préoccupations. On constate sans surprise que la campagne présidentielle a massivement désintéressé les Français. Ils ne sont que 56% à avoir discuté de la campagne avec leurs proches – contre 80% en 2017. Plus inquiétant, on estime à 31% le potentiel abstentionnisme dès le premier tour. Un niveau qui pourrait être historique sachant que l e record d’abstention de l’élection de 2002 pourrait bien être battu : à l’époque, 28,4 % des Français n’avaient pas voté au premier tour.
"L'abstention pourrait tout faire basculer, elle n'a d'ailleurs jamais été aussi élevée de toute la cinquième République, explique le politologue de l'UCLouvain Pierre Vercauteren. Cela rend les choses très très incertaines et peut favoriser Marine Le Pen car le fait qu'il y ait moins de votes pour faire barrage à l'extrême risque de se ressentir".
"Il y a une forme de fatigue démocratique"
Parmi les catégories de la population les plus abstentionnistes, les jeunes semblent davantage représentés par rapport aux plus anciens mais elle gagne du terrain dans les autres catégories de population. "La différence avec il y a 5 ans, c'est que les sondages ne sont pas clairs et le risque de surprise est donc grand. On note également un dégoût global de la politique, beaucoup de français se disent que ça ne les concerne plus, la désaffection est présente. Les Français sont un peuple politique, c'est comme les Brésiliens avec le foot et aujourd'hui, ils sont déçus. Les jeunes sont les plus abstentionnistes avec les classes populaires mais on voit que ce phénomène est aussi de plus en plus présent au sein des classes moyennes", détaille le politologue Vincent Laborderie.
Selon la dernière enquête d'Ipsos France, menée auprès d'un échantillon très large (12 600 personnes), 40 % des 18-24 ans risquent de s'abstenir, ce qui représenterait plus de 2 millions de voix. Cette proportion monte à 45 % pour les 25-34 ans et concerne 2,2 millions de votants. "La tendance à l'abstention est observable depuis plusieurs années mais c'est un phénomène qui se renforce, ajoute Vercauteren. On l'a également vu aux régionales, il y a une forme de fatigue démocratique et qui n'est pas que représentative de la France. L'autre élément qui est apparu très tôt dans la campagne est que les citoyens ont eu l'impression que les candidats ne se préoccupaient pas de leurs intérêts". Autre paramètre à prendre en compte dans ce scrutin et qui aura son importance, c'est la grande incertitude qui règne parmi les électeurs, dont le choix n'est, pour partie, pas encore fixé. En effet, selon Ipsos France, 32 % des personnes certaines d'aller voter n'ont toujours pas arrêté leur choix, même s'ils ont indiqué une intention de vote.