Guerre en Ukraine: "Les Russes économisent et tirent ce qu'ils ont"

Les choix d'armement lors des frappes massives de ce jeudi matin ne seraient pas anodins, selon des experts.

A Ukrainian tank fires towards Russian positions on the front line near Bakhmut, Ukraine, Wednesday, March 8, 2023. (AP Photo/Evgeniy Maloletka)
A Ukrainian tank fires towards Russian positions on the front line near Bakhmut, Ukraine, Wednesday, March 8, 2023. (AP Photo/Evgeniy Maloletka) ©Copyright 2023 The Associated Press. All rights reserved

"En réponse aux actes terroristes du régime de Kiev dans la région (russe) de Briansk le 2 mars, les forces armées de la Fédération de Russie ont mené des frappes de représailles massives", déclarait jeudi le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

En effet, des frappes massives, à hauteur de 81 missiles, ont touché l'Ukraine ainsi que la plus grande centrale nucléaire d'Europe, Zaporijia, faisant craindre un risque d'accident nucléaire. "La Russie a commis une violation grave de la sécurité nucléaire et met en danger la totalité du continent européen", a immédiatement dénoncé Josep Borell, haut représentant de l'Union européenne. Suite aux frappes, la centrale de Zaporijia avait été mise hors service pour la sixième fois depuis le début de la guerre. L'alimentation électrique a été rétablie à la mi-journée à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia. Les 20 générateurs d'urgence ont été activés, avec des stocks d'urgence leur permettant de fonctionner une quinzaine de jours.

Malgré les conséquences de cette attaque, qui figure parmi les plus importantes depuis le début de la guerre en Ukraine, les experts semblent voir là un manque de stratégie dû à des problèmes d'approvisionnement, comme l'explique Het Nieuwsblad ce jeudi.

"Ces attaques se déroulent toujours par vagues, en fonction des ressources disponibles à ce moment-là. Ils économisent et tirent ce qu'ils ont", explique l'expert militaire Tom Simoens au journal flamand.

Selon l'expert, il pourrait s'agir d'un signe de pauvreté en armement : "On suppose que la Russie peut produire entre 20 et 30 missiles Kalibr par mois. Or, de nombreux types de missiles ont été utilisés. Cela indique plutôt une pauvreté ou une pénurie de matériel de vol".

Concernant la stratégie militaire cachée derrière cette attaque, l'expert estime néanmoins que le choix des missiles n'était pas anodin : "L'un vole bas, l'autre haut. L'un va vite, l'autre lentement. Cela complique la tâche de l'Ukraine en termes de défense aérienne. Elle doit en effet les détecter tous et les faire disparaître du ciel".

Des motifs d'attaque "inutiles"

Comme le ministère russe de la Défense l'exprimait dans son communiqué, l'attaque était une "réponse aux actes terroristes du régime de Kiev dans la région (russe) de Briansk le 2 mars"

Mais, d'après le spécialiste de la défense Sven Biscop, la Russie n'a plus besoin de motif pour attaquer l'Ukraine : "Il y en a eu tellement sans raison, ils le font tout le temps. Alors pourquoi trouver soudainement une raison ? C'est peut-être justement leur stratégie : attaquer sans raison. Cela les rend imprévisibles", explique-t-il à Het Nieuwsblad.

Mais, selon les deux experts, l'attaque n'a pas eu l'impact que la Russie recherchait : "Ils n'obtiennent manifestement pas l'effet escompté, car ils ne parviennent pas à briser le moral des Ukrainiens. S'ils avaient les ressources nécessaires, ce serait peut-être différent. Si ces ressources étaient illimitées, ces attaques pourraient être hebdomadaires", d'après Tom Simoens.

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