La motion de censure contre le gouvernement français rejetée... à neuf voix près

La réforme des retraites a été définitivement adoptée lundi après le rejet des deux motions de censure déposées contre le gouvernement qui se maintient à neuf voix près.

French lawmaker Fabien Roussel, of the communist party, center, reacts during the speech of French Prime Minister Elisabeth Borne at the National Assembly in Paris, Monday, March 20, 2023. France's government is fighting for its survival Monday against no-confidence motions filed by lawmakers who are furious that President Emmanuel Macron used special constitutional powers to force through an unpopular bill raising the retirement age from 62 to 64 without giving them a vote. (AP Photo/Lewis Joly)
L'Assemblée nationale a rejeté lundi en début de soirée la motion de censure transpartisane. ©Copyright 2023 The Associated Press. All rights reserved.

La première, initié par le groupe indépendant Liot avec le soutien de la gauche, a recueilli 278 voix sur les 287 nécessaires pour faire tomber le gouvernement d'Elisabeth Borne.

Le vote (à neuf voix près!) n'avait jamais été aussi serré depuis une motion de censure déposée contre celui de Pierre Bérégovoy en 1992.

Le deuxième texte, à l'initiative du RN, n'a recueilli que 94 voix.

Après le rejet de ces deux motions, la réforme très contestée d'Emmanuel Macron est donc définitivement adoptée.

La demande de référendum d'initiative partagée, initiée par la gauche pour contester la réforme des retraites, a été soumise lundi au Conseil constitutionnel, a indiqué l'institution qui va d'abord en examiner la recevabilité.

Quelque 250 parlementaires, députés et sénateurs principalement de gauche, l'ont déposée, alors que la réforme vient d'être adoptée au Parlement. Le Conseil doit en vérifier la recevabilité. Puis pourrait s'ouvrir le recueil des signatures citoyennes, afin de tenter d'atteindre un dixième des électeurs, soit 4,87 millions de signatures, dans un délai de neuf mois, pour ouvrir la voie à un référendum.

Macron souhaite que la réforme des retraites "puisse aller au bout de son cheminement démocratique"

Borne "déterminée à continuer à porter les transformations nécessaires"

Elisabeth Borne s'est dite lundi soir "déterminée à continuer à porter les transformations nécessaires" au pays, après l'adoption par le Parlement de sa réforme très contestée des retraites.

"Je suis déterminée à continuer à porter les transformations nécessaires à notre pays avec mes ministres et à consacrer toute mon énergie à répondre aux attentes de nos concitoyens", a affirmé la Première ministre dans une déclaration à l'AFP, juste avant de se rendre à l'Elysée.

Elle a cité de "nombreux défis à relever dans les semaines qui viennent en matière de travail, de solidarité, d'écologie et pour notre jeunesse".

"La démocratie parlementaire a parlé. Comme notre Constitution le prévoit", a en outre affirmé la cheffe du gouvernement. "En repoussant les motions de censure qui avaient été déposées, l'Assemblée nationale a démontré qu'il n'y avait pas de majorité alternative", a estimé Elisabeth Borne.

"Je sais que cette réforme suscite des questions, des inquiétudes et des réticences. Je les entends", a ajouté la Première ministre alors que le recours au 49.3 a attisé la contestation dans la rue. L'ensemble des syndicats a appelé à une 9e journée de grèves et de manifestations jeudi.

"Nous avons fait évoluer ce texte tout au long des débats pour prendre en compte le plus largement possible les situations de chacun", a-t-elle fait valoir en citant les mesures d'accompagnement de la réforme pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, qui ont des métiers pénibles, des carrières hachées, ou encore les retraités modestes.

"Nous aboutissons à un texte qui est un compromis entre l'Assemblée et le Sénat, enrichi par les propositions des partenaires sociaux et des parlementaires", a-t-elle affirmé, se disant "plus que jamais (...) convaincue que c'est le compromis qui doit rester la méthode".

"Je suis convaincue que la démocratie sociale doit avoir toute sa place et que les partenaires sociaux peuvent se saisir de champs nouveaux", a-t-elle ajouté.

A noter qu'Emmanuel Macron recevra mardi matin la Première ministre et les chefs de la majorité, indique lundi soir l'Elysée. Mardi soir, le président français recevra les parlementaires de la majorité.

De Le Pen à Mélenchon, les critiques fusent dans l'opposition

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon appelle à "passer à la censure populaire", "en tout lieu et en toute circonstance", après le vote serré sur la motion de censure, rejetée à neuf voix près.

"Je forme le voeu que cette censure populaire s'exprime massivement, en tout lieu en toute circonstance, et qu'elle nous permette d'obtenir le retrait du texte", a déclaré lundi le chef des insoumis, lors d'un point presse près de l'Assemblée nationale. "Neuf voix de différence ne suffisent pas à nous faire changer d'avis", a-t-il ajouté.

De son côté, Marine Le Pen a estimé qu'Elisabeth Borne "doit partir" ou "le président doit la démissionner" après le vote serré sur la motion de censure, "une sanction claire et du fond et de la forme du gouvernement", selon la leader d'extrême droite.

"Il y a ce que dit le résultat du scrutin mathématiquement, (mais) il y a ce qu'il dit politiquement: je pense que le président de la République devrait écouter ce que dit ce scrutin politiquement", a ajouté Mme Le Pen. Son groupe politique à l'Assemblée a déposé sa propre motion, en cours d'examen, mais qui n'a aucune chance d'être adoptée.

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