Des réserves de voix non-négligeables
Pourtant, dans la soirée, de nombreux candidats déchus - dont Fabien Roussel et Anne Hidalgo - avaient déjà appelé leurs partisans à voter Macron. Jean-Luc Mélenchon avait pour sa part demandé à ses militants de ne donner "aucune voix à l'extrême droite". Pécresse a confié dans son discours de défaite qu'elle voterait Macron. De quoi assurer une réserve de voix suffisante pour le président pour espérer l'emporter sans difficulté au second tour ? Tout d'abord, qui dit consignes de vote ne dit pas forcément voix assurée pour le candidat. Plusieurs camps risquent de voir leur électorat partagé, comme celui de Pécresse. Le président devrait bénéficier d'un certain nombre de voix de supporters de la candidate LR. "Mais cela représente peu de suffrages", précise Bernard Sananès, président de l'institut de sondage Elabe, interrogé sur BFMTV.
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Les Français ayant voté Mélenchon (qui a récolté plus de 20% des voix) vont être dans le viseur des deux candidats du second tour. Pour le président de l'institut de sondage Elabe, l'abstention risque d'être forte dans les rangs des électeurs insoumis, dont le candidat a refusé d'appeler à voter Macron . "On verra un tiers Macron, un tiers Le Pen, un tiers abstention", a présagé Barnard Sananès sur BFMTV. "(...) Quelle colère sera la plus forte: la colère anti-Macron ou le rejet de Le Pen ? C'est une des question de ce second tour", continue-t-il.
"Un piège qui se refermerait sur Macron"
Martial Foucault, directeur du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po), a pour sa part mis en garde contre "un piège qui pourrait se refermer sur Emmanuel Macron", en pointant l'installation d'un clivage populiste/progressiste. "Il existe un risque d'un fort ressentiment anti-Macron. Ce ne sont pas des gens qui partagent des mêmes conditions sociales qui se retrouveraient derrière cette coalition", a-t-il expliqué sur TV5 Monde.
C'est d'ailleurs sur le "dégagisme" que devrait jouer Marine Le Pen tout au long de cet entre-deux-tours. "Elle doit aller prendre des électeurs partout ailleurs (pour gagner le second tour, ndlr.) et donc pour ça il n'y a qu'une seule stratégie possible: apparaître comme le vote utile anti-Macron", détaille Laurent Neumann, éditorialiste politique de BFMTV. Le président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella, a estimé d'ailleurs sur les ondes de France Inter que la réserve de voix de la rivale de Macron se trouvait "chez les 70% de Français qui ont voté contre le président " dimanche.