La Belgique au top du numérique, mais avec des prix catastrophiques
Technologiquement parlant, la Belgique est globalement en avance sur la moyenne européenne. Mais notre pays adopte des prix trop élevés qui refroidissent quelque peu l'ardeur des citoyens.
Publié le 26-06-2013 à 12h43 - Mis à jour le 10-07-2013 à 13h09
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Les smartphones ont-ils réellement envahi les poches belges ? Les laissés-pour-compte du digital sont-ils nombreux ? Les Belges sont-ils encore craintifs à l’idée d’acheter sur le Web ? Qu’en est-il de la qualité de nos réseaux, fixes et mobiles ? Plus fâcheux : le ticket d’entrée télécoms belge se monnaye-t-il, comme le café du commerce le scande bien fort, plus cher que chez nos voisins européens ?
À ces questions, touffues, mais légitimes, le Service public fédéral Économie propose, depuis l’an dernier, une réponse aussi précise que dense : le baromètre des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). La mouture 2013 (qui dresse l’état des lieux de notre situation numérique en 2012) a été présentée, hier, à une poignée de journalistes.
Ce baromètre n’a pas, comme le confirme Severine Waterbley du SPF Éco, "une fonction académique. On ne le fait pas pour le plaisir de faire un baromètre, mais bien afin de dresser un état des lieux officiel de l’avancée de notre pays sur un secteur aussi crucial que le numérique. Ce baromètre est établi pour servir de base politique, et situer notre pays par rapport au Digital Agenda for Europe."
Ce Digital Agenda, le fameux DAE, est une charte édictée par la Commission européenne en 2010. Un Graal technologique en 101 points à atteindre pour les États membres, jusqu’à l’horizon 2020. Sur les 101 objectifs, tous ne sont pas chiffrés. Mais sur ceux qui le sont, la Belgique est très bien positionnée : elle a rempli les objectifs fixés pour 2013, et atteint déjà 6 des exigences pour 2015, sur 10.
"Tableau impressionniste dont chaque point prend son sens", dixit le président du SPF Jean-Marc Delporte, ce bulletin digital belgo-belge est riche de conclusions. Nous avons ventilé les principales ci-contre.
Quant au Digital Agenda belge, évoqué depuis belle lurette, on nous confirme qu’il est sur de bons rails. Mais le Ministre en charge de la Protection des consommateurs, Johan Vande Lanotte (SP.A) a à cœur de blinder son dossier : "Il tenait à rencontrer tous les acteurs publics, puis privés. Cela prend donc du temps, mais le résultat n’en sera que plus probant."
Enfin, après le succès de l’opération Osez comparer, en 2012, dont le but était d’inviter les Belges à vérifier s’il était dans leur intérêt de rester chez leur fournisseur d’énergie, le SPF Éco remettra le couvert, fin 2013, avec un Osez comparer consacré aux télécoms, secteur où la mobilité des clients reste trop faible, en dépit de la Loi Télécoms et d’offres plus concurrentielles.
Le SPF entretient l’espoir qu’à l’inverse de l’opération précédente, nettement plus suivie du côté flamand, la Belgique francophone y sera également sensible. L’absence de l’Union des villes et communes de Wallonie à l’une des réunions préparatoires n’envoie pas le meilleur des signaux à cet égard…
Internet: la Belgique championne du haut débit fixe, loser sur le mobile
77,7% des ménages belges ont un accès Internet. Un fifrelin plus qu’en 2011 (76,5 %). À nouveau, le besoin de connexion Internet est dopé par la présence d’enfants dans le ménage : 92,8% des ménages avec enfant(s) sont connectés au Web, contre 72% pour les ménages sans enfant et 58,5 % des foyers où vit un seul adulte.
Comment les Belges ont accès au Web ? En fixe, très majoritairement, par la ligne ADSL chère à Belgacom (62,3%), contre 34 % via le haut débit des câblos (Voo, Telenet, Numéricable). En mobile, la 3G, dont la percée reste assez contenue chez nous, concerne 15% des types de connexion, contre 10% un an plus tôt.
Cocorico : la Belgique est le pays le plus performant de l’Union européenne en ce qui concerne le haut débit fixe. 96,1 % des ménages utilisent une connexion haut débit, tandis que 53,7 % de nos lignes fixes sont d’ores et déjà à haut débit ultrarapide (minimum 30 Mbps de vitesse). La moyenne européenne n’est qu’à 12,1%.
En revanche, sur le très haut débit mobile (la 3G et, dans une moindre mesure, la 4G), la Belgique est le parent pauvre de l’Europe : avec 25,9% de taux de pénétration, seule la Hongrie fait moins bien que nous… La Suède est à 102 %, la France à 40 % !
L’explication. Les chiffres du SPF confirment la structure Télécoms de notre petit pays : un réseau fixe d’une qualité exemplaire, à la pointe mondiale, avec des débits plus rapides que chez la majorité de nos voisins et… un réseau Internet mobile à la traîne. L’un peut-il expliquer l’autre ? Probablement. Le fort taux de pénétration de l’Internet fixe, assaisonné du développement des réseaux Wi-Fi communautaires (Fon de Belgacolm, Wi-Free chez Voo et Telenet,…) et saupoudré de tarifs mobile data prohibitifs au moment de boucler l’enquête (qui ne tient pas compte des conséquences de l’entrée en vigueur de la loi Télécoms en octobre dernier) constituent une explication des plus plausibles. Mais cette loi a changé la donne, et la 3G, alors qu’on ne cesse de parler de 4G, devrait avoir achevé de convaincre les foules au prochain baromètre…
Coût des télécoms: toujours trop cher
En février 2012, la souscription à une offre triple-play (Internet, téléphonie fixe, télévision digitale) coûtait entre 10 à 19 euros de plus au Belge qu’à l’Européen moyen. Tandis que les tarifs en vigueur à l’été 2012 pour l’utilisation d’un smartphone (appels, SMS, data) étaient systématiquement plus élevés en Belgique que dans trois pays voisins (la France, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne). En comparaison avec la France, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l’Allemagne, le prix des communications mobiles belges, en août 2012, plaçait notre pays, majoritairement, à l’avant-dernière position (l’Allemage étant pire que nous).
Le Belge est plutôt satisfait de ses services de télécommunication (6,2/10), mais absolument pas des tarifs en vigueur (il leur donne la note de 4,7/10 de moyenne).
L’explication. Une nuance de taille doit être apportée au baromètre : il ne tient pas encore compte de l’application de la loi Télécoms, entrée en application le 1er octobre 2012. Or, il est indéniable que cette loi, libérant les abonnés télécoms de tout frais de résiliation après une période de six mois, a accru la concurrence et poussé les opérateurs à revoir leurs tarifs à la baisse, ou à offrir beaucoup plus pour les mêmes tarifs. Le baromètre de l’an prochain, en ce qui concerne les télécommunications mobiles, sera donc forcément impacté.
Le marché fixe (triple-play), en revanche, reste très onéreux dans notre pays. Un fait que les opérateurs légitiment par la qualité des débits et services offerts (remarquables, au regard des pauvres débits allemands, par exemple). Gageons que la libéralisation du câble, espérée pour janvier 2014, fasse quelque peu chuter les prix. En attendant notre Free !