Nos politiques ne veulent pas lâcher TikTok : qui est le plus suivi sur le réseau social chinois qui plaît tant aux plus jeunes ?
Les fonctionnaires fédéraux ont l’interdiction d’avoir l’application chinoise installée sur leur téléphone. Mais le monde politique a trouvé la parade.
Publié le 10-03-2023 à 18h56 - Mis à jour le 10-03-2023 à 19h01
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Le rush contre TikTok s’est fort accéléré vendredi matin. Le Conseil national de sécurité a décidé d’interdire au personnel des services publics fédéraux d’avoir l’application chinoise installée sur leurs appareils de service. La décision a été prise sur base d’une analyse de la Sûreté de l’État (VSSE) et d’un avis du Centre pour la Cybersecurité Belgique (CCB). Les deux organes alertent sur le siphonnage de données opéré par l’entreprise ByteDance au travers de TikTok, une collecte qui se fait au profit de l’État chinois.
Cette décision ne devrait toutefois pas stopper le flux de vidéos TikTok que le monde politique belge alimente quotidiennement. Pour les plus grands utilisateurs, le réseau reste une mine d’or en matière de stratégie de communication car c’est un moyen de toucher un public plus jeune et moins sensible aux médias traditionnels.
Sur ce plan, les partis les plus actifs et les plus suivis sont les socialistes et les partis d’extrêmes. En tête du classement des plus suivis, vient le ministre-président wallon socialiste Elio Di Rupo (157 400 abonnés, également écrit 157,4k). Il est talonné par le président de Vooruit Conner Rousseau (109,4k). Derrière lui, arrive directement Raoul Hedebouw (88k), suivi de Dries Van Langenhove (52,3k) et de Tom Van Grieken (50,8k).

Très friand de cette application qui lui offre un contact privilégie avec une audience acquise à ses idées, Conner Rousseau n’a pas hésité pour répondre. Le trentenaire restera sur le réseau social. Il emploie un téléphone secondaire réservé à cet effet. “C’est un bon outil pour combattre l’extrême-droite”, indique son porte-parole, soulignant que ne pas être présent sur le réseau chinois, c’est laisser plus de place au parti boudé par le cordon sanitaire. Être présent sur TikTok “me permet notamment d’informer [les plus jeunes] sur des mesures qui les concernent directement et dont ils ne seraient pas informés sans ça”, répond Elio Di Rupo. “Par ailleurs, on trouve aussi sur TikTok des fake news ou des positions tranchées de certains partis extrémistes. Être présent sur l’application nous permet (1) de répondre à ces fake news et de (2) de combattre ces idées extrémistes.
Les ministres actifs sur TikTok n’envisagent pas non plus de dire adieu à leurs followers. La vice-Première ministre Petra De Sutter (Groen) continuera de communiquer au travers de ce médium à ses 15,5k d’abonnés, “tout en respectant les règles de la décision du CNS”, nous répond son cabinet. La ministre de la Fonction publique n’a pas l’application TikTok sur son propre GSM et ses collaborateurs de cabinet font de même. Dans le même temps, elle soumettra, de concert avec le Premier ministre, une directive au Conseil des ministres en vue de mettre en œuvre cette interdiction au sein des pouvoirs publics fédéraux.
38% des Belges
Une autre ministre dont l’activité sur TikTok est scrutée par de nombreux membres de la sphère politique, c’est Ludivine Dedonder (PS). La ministre de la Défense est suivie par près de 10 000 personnes. “Comme pour tous les réseaux sociaux, des précautions ont été prises afin de limiter la porosité entre mes données personnelles et professionnelles et garantir la sécurité des informations qui me sont transmises”, répond-elle. “Ma présence sur ce média social participe à une stratégie de communication”. Relevant que “presque 38 % de Belges de plus de 18 ans, soit plus de 3,5 millions de Belges de plus de 18 ans” emploie TikTok, la ministre trouve “important de continuer à communiquer” avec.
La tonalité est sensiblement la même au niveau des partis. La coprésidente d’Ecolo Rajae Maouane (1 724 abonnés) suivra la piste des deux téléphones (professionnel et privé) pour “éviter que des espions n’aient accès à des données confidentielles”. “Nous voulons garder ce lien avec les générations plus jeunes plus éloignées de la politique”, confie-t-elle. Le président du MR Georges-Louis Bouchez (10,3k) travaille lui aussi avec deux appareils et souhaite pouvoir continuer à “communiquer avec ces autres profils qui font partie de sa communauté”.