Plus de six mois de délai avant de pouvoir vous mettre au volant de la dernière voiture que vous avez commandée. Une patience de bénédictin, d'au moins six mois et peut-être près d'un an après leur sortie en novembre 2020, avant de pouvoir facilement mettre la main sur la dernière PlayStation 5 ou Xbox Series. Des difficultés à vous procurer certains modèles de smartphones, tablettes, ou PC.
Cette triplette exemplative n'a rien d'un mythe pessimiste. Elle est le reflet d'une situation sur le point de se matérialiser d'un point de vue industriel et donc, en bout de chaîne, avec des impacts majeurs sur le marché et le consommateur final. En cause ? La guerre des puces, sous-titrée la crise des semi-conducteurs. Alias l'énième chapitre du livre, non-achevé, de la dépendance de l'Occident face à la productivité asiatique.
Si la pandémie a bien pu révéler quelque chose, c'est à quel point nos sociétés occidentales étaient devenues techno-dépendantes. Le télétravail en est l'exemple parfait. Qu'il s'agisse d'un ordinateur, d'un smartphone, d'une console dernier-cri, d'un dispositif pour faciliter la visioconférence ou de l'ODB (ordinateur de bord) intégré dans votre auto : tous ces "devices" embarquent des puces (comme l'est par exemple le processeur, cerveau électronique de bien des appareils), qui fonctionnent, toutes, par l'entremise de semi-conducteurs. On en fera pas de science appliquée ici, mais en deux mots : un matériau semi-conducteur est capable à la fois d'isoler, et de conduire un signal électrique. C'est sur cette double casquette, cette bipropriété, que s'articule le principe fondateur de l'informatique moderne.