“L’accalmie a été de très courte durée et il y a un élément qui nous étonne”: Pourquoi la nouvelle vague de Covid en Belgique interpelle les experts
Les nouvelles contaminations et les hospitalisations pour cause de Covid-19 sont reparties à la hausse en Belgique. Des nouveaux sous-variants d’Omicron, notamment XBB.1.5, mais aussi CH.1.1. frappent aujourd’hui à la porte de l’Europe de l’Ouest et cherchent à prendre la suite du sous-variant BQ.1.1, qui reste dominant chez nous.
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Publié le 06-02-2023 à 14h22 - Mis à jour le 06-02-2023 à 14h39
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Les différents indicateurs de l’épidémie de coronavirus sont en hausse en Belgique. D’après le dernier bulletin de Sciensano du 27 janvier au 2 février, les hôpitaux du pays ont admis quotidiennement 56,6 malades du Covid-19, soit une augmentation de 30 % par rapport à la semaine précédente. Actuellement, 833 personnes porteuses du virus sont hospitalisées (+28 %). Parmi celles-ci, 51 sont soignées aux soins intensifs (+13 %). Et en moyenne, 477 contaminations ont été enregistrées chaque jour, soit une augmentation de 40 % par rapport aux sept jours précédents.
“C’est une nouvelle remontée des chiffres que l’on attendait même si on la prévoyait un peu plus tard, indique le virologue Steven van Gucht. Avant les vacances de Noël, on avait déjà dit que les chiffres diminueraient et c’est ce qui s’est passé. Puis on assiste aujourd’hui à une recrudescence des infections avec la hausse des contacts entre les jeunes notamment, et la reprise des activités. Toutefois, je ne pense pas que cette nouvelle vague soit comparable avec celle connue à l’automne. Ce qui m’étonne, c’est qu’il n’y a pas d’accalmie, les vagues se succèdent avec le covid, il n’y a pas vraiment de pause comme c’est le cas avec tous les autres virus respiratoires. C’est pour cela qu’on ne peut pas encore dire que le covid est endémique, comme la grippe, car il continue de circuler sans pause. Nous sommes toujours dans une période de transition, même si les vagues ne sont pas trop fortes, il y a très peu de temps d’arrêt”.
La Belgique noyée dans une soupe de variants
Dans le détail, le BQ.1 reste le variant dominant du coronavirus (68,3 % en semaine 2 et 60 % en semaine 3), mais perd progressivement du terrain au profit d’un mélange d’autres variants. Les variants déjà connus XBB (5 % en semaine 2 et 12 % en semaine 3) et BA.2.75 (5 % en semaine 2 et 8 % en semaine 3) augmentent, tandis que les nouveaux variants XBB.1.5 (3,3 % en semaine 2 et 0 % à la semaine 3) et CH.1.1 (dérivé de BA.2.75) ont légèrement diminué.
Toutefois, rien n’indique que l’un de ces variants provoque une évolution plus grave de la maladie. “Cette fois-ci et contrairement aux dernières vagues, on ne peut pas lier le rebond actuel à un variant spécifique et dominant, précise-t-il. On assiste à un mix de variant, on ne voit pas de grand champion prendre le dessus. On voit que le nouveau venu, le CH.1.1 représente près de 1 % des infections et pourrait prendre le relais mais c’est encore difficile à prédire. Pour le moment, on reste donc dans la famille Omicron et nous n’avons pas d’indications supplémentaires au niveau de la sévérité de la maladie, ce qui est assez rassurant”.
Ces nouveaux sous-variants d’Omicron, notamment XBB.1.5, mais aussi CH.1.1. frappent donc aujourd’hui à la porte de l’Europe de l’Ouest et cherchent donc à prendre la suite du sous-variant BQ.1.1. dominant aujourd’hui. Si Omicron a généré une famille de sous-variants exceptionnelle à plusieurs titres, il s’est imposé sur toute la planète et a une longévité inégalée de plus d’un an dans cette pandémie, la grande question sera désormais de savoir s’il sera dernier des variants du Sars-Cov-2. Pour de nombreux experts, il n’est pas impossible d’imaginer qu’un variant différent d’Omicron puisse émerger prochainement de Chine, au vu notamment du fait que la population chinoise vit avec un important décalage immunitaire avec le reste du monde.
“Il est toujours possible de voir apparaître un nouveau variant, sinon cela veut dire que le virus a disparu, souligne Van Gucht. Toutefois, je ne suis pas alarmiste, ça ne veut pas forcément dire qu’il y aura de grands problèmes ni même une mise en péril de nos soins. On peut imaginer qu’il évolue vers un virus comme la grippe avec différentes vagues dans l’année. Notre système immunitaire apprend également et devient plus versatile, il est alors de plus en plus difficile de surprendre notre réponse immunitaire, notamment suite aux différentes vagues d’infection et de vaccination”.
Quel avenir pour le Covid-19 en Europe ?
Un des scénarios plausibles de l’avenir de la pandémie de covid serait en effet de voir coexister plusieurs nouveaux sous-variants d’Omicron en même temps sur un même territoire et ainsi de voir se “chroniciser l’épidémie de Covid, qui resterait en plateau désormais sans jamais redescendre vers des accalmies, sans non plus secouer trop le système hospitalier, mais entretenant une tension permanente et une surmortalité laissant le Covid parmi les toutes premières causes de décès”, confie Antoine Flahault, épidémiologiste, médecin et directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève (Suisse).
L’autre scénario envisagé, et considéré comme étant le plus plausible, serait celui d’une nouvelle vague prochaine en Europe de l’Ouest, causée par un nouveau sous-variant d’Omicron, probablement XBB.1.5, plus transmissible que les précédents et échappant aux vaccins pour les formes peu graves de Covid. Une vague qui ressemblerait aux précédentes vagues d’Omicron, avec un accroissement des hospitalisations, mais sans saturation excessive, une augmentation des décès, en particulier chez les personnes très âgées et les personnes immunodéprimées.