Une enfant décédée, son père infecté: l’évolution de la grippe aviaire H5N1 au Cambodge doit-elle nous inquiéter?
Si elle se veut à ce stade rassurante, la communauté scientifique aimerait savoir si le père de famille a été infecté par sa fille de 11 ans au Cambodge. L’OMS s’inquiète en tout cas d’une possible transmission à l’homme. Le virologue Steven Van Gucht met en garde : “Les cas de transmission interhumaine de grippe aviaire H5N1 sont en effet extrêmement rares pour le moment, c’est donc une situation qu’il faut suivre de près”.
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Publié le 26-02-2023 à 16h18 - Mis à jour le 27-02-2023 à 12h37
L’épidémie de grippe aviaire qui sévit actuellement un peu partout dans le monde préoccupe la communauté scientifique. Cette semaine, on apprenait qu’une jeune adolescente de 11 ans était décédée du virus H1N1 au Cambodge. Un phénomène assez rare mais qui s’est déjà produit par le passé.
Pour rappel, l’Influenza aviaire ou grippe aviaire est une maladie virale très contagieuse à laquelle toutes les espèces d’oiseaux sont vraisemblablement sensibles. Près de 1 000 cas contaminés et 500 décès ont en effet été recensés ces deux dernières décennies, dont respectivement 56 et 37 dans le pays d’Asie du Sud-Est (avant l’épisode actuel), d’après les données récoltées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Un danger pour le grand public ?
“Depuis 2003, on sait que ce virus circule surtout en Asie, indique le virologue Steven Van Gucht. Et de temps en temps, on en voit chez l’homme, le plus souvent chez des enfants, qui sont plus vulnérables même si toutes les données ne sont pas tout à fait claires. Et pour la moitié des infections, il s’agit de cas létaux”. Ce qui est moins commun, c’est le fait que le père de la jeune fille décédée ait été testé positif dans la foulée. Une situation qui fait craindre une transmission entre humains, restée jusque-là très rare. Dans le passé, on a déjà pu observer des contaminations de ce genre mais elles restent très isolées.
"Pour le moment, les informations disponibles sont rassurantes"
“Ici, il est possible que le père ait été infecté par le même oiseau ou qu’il y ait eu des contacts très intenses entre la jeune fille et ses parents, explique-t-il. De plus, ces tests sont très sensibles, il faut donc être prudent avant de tirer des conclusions. Il se peut qu’il ait un peu de virus dans le nez mais pas de symptômes. Pour le moment, nous n’avons pas encore vu de transmissions continues mais si d’un coup, on voit un deuxième cas puis un troisième, alors ce serait un nouvel élément qui serait inquiétant, on ne sait pas combien il faut de mutations pour que cela change, il faut donc rester attentif. Les cas de transmission interhumaine de grippe aviaire H5N1 sont en effet extrêmement rares pour le moment. Mais pour le moment, les informations disponibles sont plutôt rassurantes”.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a évoqué ce vendredi 24 février 2023 une “situation préoccupante” par rapport à l’épidémie de grippe aviaire et n’écarte pas la possibilité que le virus évolue et soit capable d’une transmission entre humains.
La souche en question observée en Belgique
L’OMS n’avait jamais fait part d’une telle inquiétude depuis le début de l’épidémie qui sévit partout dans le monde et frappe principalement les volatiles d’élevage (canard, poulet, dinde). Des cas de transmission à des mammifères ont également été répertoriés. La transmission à l’homme est très rare. Chez nous, un nouveau foyer de grippe aviaire hautement pathogène a été détecté à Alost en fin de semaine dernière. Dès lors, l’Afsca conseille aux détenteurs de volailles de les protéger, notamment à l’aide de filets pour éviter les contacts avec les oiseaux sauvages.
“En Belgique, la souche a été observée chez des oiseaux sauvages, notamment des oiseaux migratoires de l’eau qui sont le réservoir principal de ce virus. Nous l’avons également observé sur des renards chez nous, rapporte le virologue, qui rappelle plusieurs recommandations dans des cas bien spécifiques. Pour le moment, le risque reste faible pour le grand public et modéré pour les gens qui sont exposés à des oiseaux malades ou morts, on pense notamment aux vétérinaires ou aux gens dans les fermes à qui on peut conseiller les mesures d’hygiène classiques en cas de contact. Il faut également éviter d’approcher les oiseaux sauvages et éviter les contacts entre eux et les poules de jardin par exemple. Il ne faut donc pas trop s’inquiéter, l’AFSCA, les vétérinaires et les virologues doivent gérer et suivre de près la situation”.