Ventilation, surveillance des eaux usées, approche générique: comment la Belgique compte lutter contre les futures épidémies
Si l’arsenal de lutte contre le Covid-19 est presque vide en Belgique, certaines mesures vont perdurer. L’objectif ? Mettre en place une “surveillance du futur” pour traquer et lutter contre les futures épidémies.
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Publié le 02-03-2023 à 06h43 - Mis à jour le 21-03-2023 à 14h42
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Depuis plusieurs mois déjà, les mesures de testing et de tracing ont été abandonnées en Belgique. Il faut dire que le Covid, même s’il circule toujours chez nous, fait beaucoup moins de dégâts. Le testing de masse a également et logiquement été délaissé.
“On a changé de stratégie, comme de nombreux pays européens”, pointe du doigt le virologue Steven Van Gucht. La France a sonné cette semaine la fin de la prise en charge intégrale des tests Covid par l’Assurance maladie pour tous les vaccinés et de nombreux pays ont cessé leurs mesures de suivi et de protection. Chez nous, les tests PCR ne sont remboursés que pour les personnes à risques et les plus de 80 ans. “Le seul paramètre que l’on continue à suivre, c’est le nombre d’autotests vendus en pharmacie, résume Van Gucht. Et actuellement, on peut dire qu’il y a beaucoup de demandes vu que nous sommes en pleine dixième vague. On peut donc également avoir une idée du nombre de tests positifs même si le nombre total d’infections est largement sous-estimé étant donné qu’on teste beaucoup moins qu’avant”.
En plus de ce suivi, le Risk Assessment Group rapporte chaque semaine les résultats des analyses des eaux usées. Une pratique qui restera dans l’arsenal de lutte belge contre les futures épidémies. “C’est même la surveillance du futur, avance-t-il. On continue à la surveiller au sein de 40 stations en Belgique, ce qui est représentatif pour près de la moitié de la population belge. On peut suivre l’évolution du virus et notamment traquer la présence d’un nouveau variant, via les excréments et les eaux usées. C’est un bon miroir pour voir ce qu’il se passe dans la population générale”.
"Dans notre approche, on ne veut pas se focaliser uniquement sur le covid-19"
Un label pour certifier la qualité de l’air
Récemment, le ministre de la santé avait d’ailleurs misé sur cette stratégie dans l’optique de traquer d’éventuels nouveaux variants importés de Chine. La surveillance nationale des eaux usées, coordonnée par Sciensano, offre en effet une vision globale et objective de la circulation d’un virus sur l’ensemble du territoire national. “On peut également séquencer les variants ou les souches du virus présentes dans les eaux usées, explique l’expert. C’est un projet en cours mais on veut l’installer comme une véritable routine en Belgique. Cette stratégie sera prête dans les prochains mois, on avance très vite et on compte énormément dessus et ce pour suivre tous les virus”.
L’autre approche choisie par la Belgique, c’est la ventilation. Notre pays est en effet un des rares en Europe à avoir mis au point un grand plan “ventilation” pour améliorer la qualité de l'air intérieur et, par corollaire, enrayer les futures vagues de Covid-19. Une stratégie qui consiste à s’attaquer à la racine du problème, c’est-à-dire à la source même des contaminations, sachant que 95 à 99 % des contaminations se produisent en lieux clos, mal ventilés qui reçoivent du public.
Pour rappel, la loi du 6 novembre 2022 visant à améliorer la qualité de l’air intérieur dans les lieux fermés accessibles au public, ne se focalise pas sur le COVID-19 mais bien sur la qualité de l’air de manière générale. Des mesures qui pourront aider à limiter l’impact de futures pandémies respiratoires, comme celle du COVID-19.
Dès le 11 décembre 2023, dans toute une série de secteurs comme les infrastructures sportives, culturelles, événementielles et l'horeca, la présence de capteurs CO2 deviendra donc obligatoire. La deuxième étape aura lieu à partir du 1er janvier 2025. Il faudra alors demander une certification et, dès qu’elle aura été obtenue, afficher le label attribué, et continuer à exploiter le lieu dans les mêmes conditions techniques que celles existantes lors de la certification. Pour rappel, ces mesures sont les mêmes indépendamment du secteur.
“Ce qu’on doit également garder et c’est ce qu’on fait depuis quelque temps, c’est une approche générique, révèle le virologue. Il ne faut se focaliser que sur le covid mais sur tous les autres virus, comme la grippe qui peut poser problème à certains moments de l’année. On doit avoir des mesures de côté et prêtes à être ressorties pendant l’hiver, des mesures qui fonctionnent contre tous les virus respiratoires. Par exemple, rappeler l’intérêt de se laver les mains, rester à la maison si on est malade et porter un masque dans les lieux clos, le tout avec l’activation prochaine de notre grand plan de ventilation”.