Les Belges dépriment: “Mais il faut éviter de prescrire des antidépresseurs au moindre problème”
Prescrire moins d’antidépresseurs et pourdes périodes plus courtes : une piste utile.
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Publié le 03-03-2023 à 07h41
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Un Belge sur dix prend des anxiolytiques (qui ont un effet calmant immédiat) selon les chiffres de l’Inami. Tandis que les antidépresseurs (en principe prescrits en traitement de fond de dépressions sévères ou modérés ou troubles anxieux) ont fait un bond de 25 % en dix ans : 1,22 million de personnes en prennent. Surtout des femmes. Mais l’on constate aussi une croissance de la consommation chez les moins de 20 ans. Bref, 362 millions de doses d’antidépresseurs ont été consommées en 2021. Cela fait peur aux professionnels, cela coûte cher à l’Inami…
On ne prend cependant pas ce genre de médicaments pour le plaisir de voir tout en rose. Le monde et son actualité anxiogène, les sociétés de plus en plus individualistes, nos vies stressantes, nos histoires personnelles ont de quoi perturber l’équilibre mental de plus d’une personne. Car la dépression ou les troubles anxieux sont causés par des déséquilibres chimiques dans le cerveau : “Les circuits de communication entre les neurones ne fonctionnent plus normalement”, explique simplement le Dr Vancrayenest. À trop puiser dans les réserves, sous l’effet d’un choc, on peut épuiser petit à petit les taux de neurotransmetteurs qui agissent notamment sur les hormones comme la sérotonine ou encore la mélatonine…
Résultat : on n’arrive plus à penser autrement que dans le fond du trou. “Je voyais tout en noir, plus aucune confiance en moi, plus rien ne me faisait plaisir. Le matin, je me disais vivement le soir pour me coucher. Et pourtant, je fonctionnais, je travaillais, je sortais même avec des amis”, explique Anne-Laure. La trentenaire prend des médicaments à base de plantes et notamment du safran à l’effet antidépresseur naturel avéré. Rien ne fonctionne. La jeune femme pense évidemment aux antidépresseurs mais elle a peur des effets secondaires, et du risque de dépendance dont on parle tant. “Il faut éviter de prescrire des antidépresseurs à la moindre déprime”, entame le Dr Vancrayenest. “Mais dans les cas avérés d’idées noires persistantes, de perte de sommeil, de léthargie, il y a lieu d’en conseiller pour une période courte, avec un accompagnement psychologique.” Ayant pris un antidépresseur de nouvelle génération, “de la famille des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine”, Anne-Laure a senti un changement notable, comme si elle sortait la tête d’un trou noir et qu’elle prenait de la perspective sur son état de mal-être. Au bout de six mois, elle a progressivement baissé les doses en plusieurs semaines, sous la surveillance de son médecin. Et n’a pas replongé. Ce rééquilibrage chimique lui a permis de renouer avec le plaisir, l’énergie et de “prendre le taureau par les cornes”.
Un traitement court pour éviter les effets secondaires et un sevrage difficile, c’est ce que préconisent de plus en plus de médecins et de scientifiques. Sans culpabilisation, ni diabolisation.