"On pourrait éviter 3000 décès par an en Belgique": cette arme redoutable contre le cancer colorectal reste sous-utilisée en Belgique
Souvent méconnu et sous-estimé par la population, le cancer colorectal est pourtant très fréquent en Belgique. Si un dépistage gratuit et efficace permet de sauver des vies, il reste sous-utilisé en Fédération Wallonie-Bruxelles.
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Publié le 18-03-2023 à 07h25
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Le cancer colorectal fait partie des cancers les plus fréquents en Belgique. Il se retrouve même à la seconde place chez la femme et troisième place chez l’homme, avec au total près de 8000 nouveaux cas chaque année. Il provoque près de 3000 décès par an dans notre pays. Dans le cadre de la campagne Mars Bleu, de nombreuses journées de sensibilisation au dépistage du cancer colorectal sont organisées dans les hôpitaux du pays.
Il existe en effet un dépistage simple et gratuit qui peut sauver des vies. La sensibilisation au dépistage est donc cruciale pour encourager chacun à se faire dépister. “Le dépistage du cancer colorectal est recommandé pour toutes les personnes âgées de 50 ans à 74 ans, ainsi que pour les personnes à risque élevé. En pratique, il consiste à réaliser un prélèvement de selles à domicile au moyen d’un kit de dépistage et à envoyer pour analyse par la poste”, explique le Dr Frédéric Flamme, Chef de service de gastro-entérologie du CHU Ambroise Paré.
"C'est une maladie silencieuse, il faut donc la traquer afin de la prendre en charge à temps"
Détecté tôt, le cancer colorectal se guérit dans 9 cas sur 10. à partir de 50 ans, le dépistage doit se faire tous les deux ans. Problème, à peine une personne de plus de 50 ans sur 10 adhère au dépistage du cancer colorectal en Fédération Wallonie-Bruxelles contre 5 sur 10 en Flandre.
Le cancer colorectal est la deuxième cause de décès par cancer en Belgique.
“Les médecins généralistes ont un grand rôle à jouer au niveau de la prévention et de la sensibilisation au dépistage, explique Dirk Devroey, médecin généraliste et professeur à la VUB. Avec un dépistage plus précoce et davantage de prévention, on pourrait éviter 3000 décès par an, c’est énorme. On se doit d’augmenter l’adhésion au dépistage, c’est crucial. En Flandre, les gens reçoivent un test à faire tous les deux ans, il faut généraliser cette pratique à toute la Belgique”.
S’il est vrai que les traitements ont évolué, le cancer colorectal n’en reste pas moins un cancer que l’on pourrait éviter, indique la Fondation contre le Cancer. “En prévention primaire, en adoptant une hygiène de vie passant par une alimentation saine limitant la charcuterie et la viande rouge, en pratiquant une activité physique régulière, et gardant un poids sain”, explique-t-elle.
En matière de dépistage, la Fondation rappelle qu’en déployant des efforts supplémentaires pour augmenter la participation aux dépistages organisés par les 3 régions du pays, cela permettrait de mettre en place un diagnostic précoce, entraînant ainsi une intervention directe par colonoscopie et résection de polypes, avec de grandes chances de guérison. Un Belge sur deux se voit d’ailleurs diagnostiquer un cancer du côlon à un stade avancé, ressort-il des chiffres du Registre du cancer. Le taux de survie chute à 15 % pour ces diagnostics tardifs, alors qu’à un stade précoce, les chances de guérison sont supérieures à 90 %.
“Le cancer colorectal est une maladie silencieuse, il faut donc la traquer afin de la prendre en charge à temps, souligne le Dr Devroey. La sensibilisation et la prévention sont essentielles. Pour chaque euro investi, on le récupère 100 fois par la suite. Quand on détecte un polype, le patient peut être pris en charge assez vite et être intégré dans un trajet de soins bien précis. Cela permet de gagner un temps précieux, c’est pour cela qu’il faudrait sûrement proposer un test et un screening avant les 50 ans pour les personnes à risques, notamment les gens dont des membres de la même famille ont été touchés par le passé”.