La Belgique parmi les pires pays européens en termes d'accès aux rendez-vous médicaux: "On fait face à un problème de santé publique"
En ce qui concerne l’accès à certaines spécialités, la Belgique occupe le fin fond du classement européen. “L'IRM est devenu un examen incontournable et pourtant, il est de moins en moins accessible”, déplore Catherine Fonck, députée fédérale et Présidente du groupe “Les Engagés” à la Chambre.
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- Publié le 05-06-2023 à 06h23
- Mis à jour le 05-06-2023 à 09h25
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Avant d’obtenir un rendez-vous chez un dermatologue, un ophtalmologue ou même pour passer une simple IRM (imagerie par résonance magnétique), il faut s’armer de patience.
La prise de rendez-vous pour réaliser un scanner ou tout autre type d’examen peut en effet devenir un véritable parcours du combattant avec une attente plus ou moins longue selon l’endroit où l’on habite. Des délais qui peuvent parfois dépasser les six mois.
“Quand le ministre nous parle d’imagerie, c’est très souvent pour nous dire qu’on fait trop de scanners inutiles en Belgique, pointe du doigt Catherine Fonck, députée fédérale et Présidente du groupe “Les Engagés” à la Chambre. Et c’est vrai, il y a un certain nombre de scanners qui pourraient être évités, mais cela cache également une autre réalité : le manque d’accès aux IRM. Chez certains patients, on propose des scanners mais ça n’a pas toujours de sens étant donné qu’ils ne sont pas adaptés à leurs besoins, quand un IRM serait plus efficace”.
Les besoins vont en augmentant et les délais d’attente aussi, c'est une situation intenable"
Et quand on regarde de près la disponibilité des IRM en Belgique (voir infographie), on se rend compte qu’en Europe, seules la République Tchèque, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie arrivent après la Belgique (11,4 IRM par millions d’habitants contre 13,4 aux Pays-Bas ou encore 34,5 en Allemagne). Même constat pour le nombre total d’examens IRM effectués par 1000 habitants.

“La qualité des soins dans les pays de l’est ne peut pas être une référence pour nous, déplore Catherine Fonck. Aujourd’hui, il nous faut des actes forts et des décisions politiques pour répondre à cette problématique. Toutes les semaines, je reçois des témoignages édifiants de la part de patients qui font face à des délais d’attente interminables. Si on cumule cela avec les failles liées aux numéros Inami et aux délais pour obtenir un examen, on est face à un problème de santé publique”.
L’IRM, un examen incontournable mais qui fait défaut
Du côté du cabinet du ministre Frank Vandenbroucke, on se dit être conscient de cette pénurie. Un rapport sur le nombre d’appareils nécessaires aux IRM a d’ailleurs été demandé au SPF Santé publique. Après l’avoir reçu, le ministre doit désormais l’analyser et ensuite en discuter avec les régions.
Ce sont des spécialités qui coûtent encore trop chères aux patients et pour lesquelles les temps d’attente sont trop élevés"
“Pour beaucoup de patients, l’IRM est clairement devenue un examen incontournable, rappelle celle qui est aussi conseillère communale à Frameries et qui craint qu’avec les délais qui s’allongent des pathologies soient remarquées tardivement aux dépens du patient. Les besoins vont en augmentant et les délais d’attente aussi, c’est une situation qui devient intenable. Cette technologie est très précieuse, elle permet de détecter des petites lésions au niveau du cerveau, des cancers, il y a aussi les IRM cardiaques, etc. C’est aujourd’hui un examen de routine, on doit donc tout faire pour que le patient puisse en bénéficier du mieux possible”.
Chez les médecins généralistes et certains spécialistes, les temps d’attente peuvent aussi devenir une barrière pour de nombreux patients.
“Les spécialistes qui sont touchés le plus par l’explosion des délais d’attente sont les dentistes, les dermatologues, les gynécologues et les ophtalmologues, précise Paul De Munck, président du GBO (le principal syndicat de médecins généralistes). Ce sont des spécialités qui coûtent encore trop chères aux patients et pour lesquelles les temps d’attente sont trop élevés, avec parfois des attentes qui vont jusqu’à plus de six mois, il faut reconnaître cette problématique. D’après les tendances historiques, on sait également que les médecins généralistes, les biologistes, les gériatres, les pédopsychiatres et les psychiatres sont également touchés”.