Quelles solutions pour améliorer l’accès aux soins de santé en Belgique? "Il est urgent que les autorités prennent leurs responsabilités"
Catherine Fonck, cheffe de groupe des Engagés à la Chambre, se dit inquiète pour notre système de santé.
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- Publié le 05-06-2023 à 14h18
- Mis à jour le 05-06-2023 à 14h20
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Face aux délais d’attente qui explosent, Catherine Fonck, Présidente du groupe “Les Engagés” à la Chambre voient trois causes principales. La première concerne le coût élevé de cette technique d’imagerie médicale.
“Nous manquons de ce type de machine en Belgique, juge-t-elle. On nous explique régulièrement qu’elles coûtent cher (entre 200.000 et 1 million pour les IRM) mais il ne faut pas oublier que le coût sera plus grand si le diagnostic est plus tardif, et le traitement sera également plus lourd pour le patient. Sans oublier les chances de guérison qui diminuent. Pour la deuxième cause, il faut citer les compétences partagées entre le fédéral et les régions qui se renvoient la balle par rapport à l’accès aux soins. Mais vu la situation sur le terrain, il est urgent que les autorités prennent leurs responsabilités”.

Quand l'accès à ces technologies est insuffisant, c’est un danger pour les patients"
Sans surprise, la troisième cause est étroitement liée à la pénurie de personnel qui fait rage chez les technologues mais aussi en radiothérapie et en oncologie. Si cette fonction reste peu connue, elle est pourtant essentielle au bon fonctionnement de nos hôpitaux.
“On entend jamais le ministre s’exprimer sur la pénurie de technologue, regrette Fonck. Pourtant, on a vraiment besoin d’une grande campagne d’attractivité de ce métier, ce sont des jobs mal connus et trop peu valorisés. Ils sont même cruciaux étant donné qu’ils permettent de détecter des pathologies. Quand nous n’avons pas suffisamment accès à ces technologies, c’est même un danger pour les patients. Il est donc temps de stopper l’hémorragie liée à la pénurie de personnel dans les soins, et cela passe par une révision des barèmes, de la charge de travail et une reconnaissance des différentes formations. Je pense qu’il faut également augmenter le nombre de machines disponibles, et d’avoir par exemple deux IRM pour un scanner”.
Une réflexion sur la répartition des soins
La députée appelle même à la mise en place d’objectifs chiffrés pour éviter d’allonger les listes d’attente. Quelques jours pour une IRM en extrême urgence, une semaine en cas d’urgence et entre deux et trois semaines pour toutes les autres. “On n’y arrivera pas du jour au lendemain mais dans le cadre d’une médecine moderne, on se doit de se fixer des objectifs élevés”.
D’après les spécialistes, l’absence de données claires concernant les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous médical fait également défaut. Résultat, les spécialistes ne connaissent pas la réalité du terrain, notamment en ambulatoire.
“En Belgique, quand on demande combien a-t-on d’ophtalmologues par habitant, on ne sait pas répondre et ce n’est pas normal de naviguer à vue de la sorte, souligne Paul De Munck, président du GBO. Ce qu’on sait, c’est qu’il faudrait un médecin généraliste pour entre 900 et 1200 habitants, ce qui n’est pas le cas pour toutes les régions. Et à côté, on a pléthore de spécialités, notamment chez les gastro-entérologues ou les cardiologues, on peut donc se demander si on en a besoin d’autant”.
Selon ce médecin généraliste, une réflexion profonde sur la répartition des soins doit être menée. “Faut-il aller chez un gynécologue pour avoir une prescription d’une contraception ?, se questionne dès lors le Dr De Munck. Je ne crois pas. Il y a des spécialistes qui sont surchargés de choses qu’ils ne devraient pas effectuer. Ils pourraient donc facilement gagner du temps pour se concentrer sur leur mission principale, c’est la même chose pour l’ophtalmologue d’ailleurs. C’est un vrai débat à avoir sans passion. On doit également mettre en place un échelonnement des soins, c’est-à-dire qu’il faut que notre première ligne soit accessible et de qualité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il est donc important que le patient passe par son médecin pour faire un bilan général avant d’aller chez le cardiologue si cela est justifié, notamment en mettant en place un remboursement différencié. Cette deuxième ligne de soins devrait être réservée aux patients qui sont déjà passés voir leur généraliste”.