Une société de plus en plus égalitaire, mais pas au lit: la femme d’aujourd’hui est-elle soumise?
Dans un contexte de domination masculine, les femmes mettent en place des stratégies. Lesquelles ?
Publié le 24-03-2019 à 13h28 - Mis à jour le 24-03-2019 à 14h11
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Dans un contexte de domination masculine, les femmes mettent en place des stratégies. Lesquelles ?Si notre société est de plus en plus égalitaire, elle reste encore marquée par des injonctions sociales et comportementales genrées. Ainsi, les hommes sont socialisés pour être dominants, et les femmes pour être soumises, explique Manon Garcia dans son livre On ne naît pas soumise, on le devient. La philosophe y aborde un sujet tabou dans lequel bien peu osent se lancer. Le faire revient à marcher sur un fil car le principe même de soumission féminine sous-entend que la femme puisse accepter cette position, voire en être complice. Mais en analysant la facette "soumission", plutôt que son double plus populaire "domination", l’auteure met en lumière les actions que posent les femmes dans le contexte ambiant de la domination masculine.
Quelles marges de manœuvre pour les femmes ?
Les femmes choisissent donc (ou non) de s’épiler, faire des régimes, prendre en charge les tâches ménagères, faire passer leur boulot au second plan… Et la question qui se pose est : pourquoi le font-elles ? Notamment parce qu’aller contre ces injonctions implique un coût social et psychologique important répond l’auteure interviewée par Victoire Tuaillon dans son podcast "les couilles sur la table". Toutes ces tâches participent à la soumission et celle-ci reste une norme sociale de la féminité contre laquelle il est difficile d’aller. Bien sûr la femme peut choisir de ne pas s’épiler mais elle risque de se retrouver face à des remarques et jugements, de la part des hommes comme des femmes. Pour Manon Garcia ce concept est intéressant en terme d’émancipation. Il montre que le prix de la liberté est plus grand pour les femmes que pour les hommes car elles doivent aller contre ce qui est prescrit par la société.
Aimer son compagnon pour donner du sens à sa vie
La soumission dite "amoureuse" est celle qui impacte le plus nos vies. Cette norme de la féminité suppose que plus une femme est aimée par les hommes, plus elle a de valeur. Le conte de Blanche-Neige illustre bien ce constat : une fois la méchante Reine dépassée en beauté aux yeux de la majorité du Royaume, elle perd en pouvoir et en statut social. Plus quotidiennement, si les femmes n’aiment pas se faire interpeller ou draguer en rue, cela montre quand même qu’elles ont de la valeur. La philosophe explique que dans notre société de nombreuses femmes ont besoin de l’amour des hommes et sont prêtes à tout donner pour ça. Elles donnent à l’homme la mission de justifier leur vie, ce qui exerce aussi une grande pression sur leurs épaules. Ce constat peut paraître complètement dépassé mais il persiste bien que plus discrètement. Beaucoup de femmes mettent encore aujourd’hui leur carrière entre parenthèses pour s’occuper de leur famille. Elles sont aussi moins susceptibles de postuler pour des emplois qui nécessitent de faire déménager leur compagnon. On retrouve cette même double face soumission/domination dans les rapports de séduction.
Être soumise pour relâcher la pression
Le tabou dans le tabou consiste à parler du bonheur que peut procurer la soumission pour les femmes. Se conformer aux normes sociales de féminité a un côté rassurant : "je suis normale". Il a aussi un côté reposant. Essayer d’être une femme libre et indépendante dans une société qui prescrit la soumission peut être épuisant, il est donc impossible de le faire tout le temps. Pour s’en sortir : ne pas mettre la barre trop haut.