Ils promettaient de la guérir
Publié le 02-12-2009 à 06h35 - Mis à jour le 02-12-2009 à 06h38
Comment ma mère a été victime de charlatans
BRUXELLES Jacqueline Stark est décédée d’un cancer du sein parce que des thérapeutes niaient la réalité des symptômes, pourtant dramatiques, au profit d’une théorie pseudo-scientifique qui consiste à débusquer le conflit à l’origine du mal.
Dès lors, tout était valable pour déceler les causes : le pendule, le calcul de l’enthousiasme énergétique des cellules, la magie, etc. Tout, sauf la médecine traditionnelle, qui elle… tue ! Et plus les symptômes s’aggravaient, plus cela s’avérait positif à leurs yeux.
Lorsque, sur son lit de mort, Jacqueline Starck a compris qu’elle avait été abusée, elle m’a suppliée, moi sa fille, de neutraliser ces thérapeutes afin d’éviter que d’autres malades ne tombent sous leur joug.
Des documents amassés et des enregistrements audio témoignent de la volonté de guérir de Jacqueline et restituent la manipulation mentale dont elle a été victime de la part de ceux qu’elle pensait être ses sauveurs et se révèlent les vrais passeurs de mort.
Les protagonistes sont au nombre de trois. Un ostéopathe bruxellois que Jacqueline Starck a consulté pendant dix ans et qui lui a conseillé de ne faire ni chimio ni radio lors de l’apparition d’une grosseur au sein : “Moi, ce qui est certain, c’est que chimio ou radio, je ne le ferais pas. Tu sais, tu peux enlever la tumeur… pfffft… si tu n’as pas résolu le conflit, ça continue…”
Et deux autres Belges exilés en France, dont les inepties sont tout aussi illustratives : “La luminescence du premier chakra passe. L’antiluminescence passe. Il y a un branchement feutaire. Un deuxième, un troisième. Il y a une raison à cela ? Sur le corps physique ? Le corps éthérique ? Le corps astral ? Un branchement négatif ? Une perte ? Une fuite ? Une autre identité ? Une femme. C’est votre fille. J’enlève.”
“J’ai le résultat au pendule… Vous avez des expériences de décorporation. Vous planez… et vous revenez. Il vous faut un guide…”
Quand l’acharnement de la médecine parallèle, alternative, douce – au choix – se révèle, dans toute son horreur et son incongruité, une réalité qui dépasse ce qu’on oserait imaginer, le drame familial devient un témoignage de salubrité publique.
Le but n’est pas de critiquer les méthodes complémentaires, qui peuvent se révéler très bénéfiques en complément de la médecine scientifique, mais de sensibiliser l’opinion publique en dénonçant les dangers réels de certaines d’entre elles qui prônent l’exclusivisme.
Éveiller la vigilance pour qu’en cette période de crise, où chacun cherche à la fois du spirituel, du réconfort ou un bien-être légitime, l’esprit critique reste toujours en éveil.
En remontant la filière, en investiguant le milieu, en allant chercher l’officieux en lieu et place de l’officiel pour débusquer les bonimenteurs et le réseau qu’ils tissent entre eux, sont apparus les fils du piège savamment tissés par des experts de la manipulation, dans lesquels s’est enchevêtrée Jacqueline Starck.
À travers les investigations, on découvre un univers stupéfiant et irréel. Un univers où la cupidité n’a d’égale que le bénéfice financier au détriment d’une souffrance physique extrême.
Le film met en parallèle deux histoires, celle de la victime affaiblie par la maladie et l’enquête menée par moi-même en m’infiltrant directement dans le milieu pour débusquer ceux que j’estime responsables de la descente aux enfers de maman.
Un document choc, authentique et poignant de vérité, qui permet de prendre conscience de la cupidité de certains illuminés, saltimbanques de la santé dont l’unique objectif est de remplir leur portefeuille et vider celui du malade, en promettant sans cesse une guérison certaine qui, si elle ne vient pas aujourd’hui, viendra demain ou carrément dans l’au-delà.
Une émission qui est aussi un hommage à ma mère, à son courage exemplaire, et à toutes les victimes.
© La Dernière Heure 2009