Chaque année 900 Belges décèdent à cause de l’amiante

Alors que la cour d’appel de Bruxelles examine un dossier très lourd sur le plan judiciaire mais aussi humain autour de la société Eternit dès ce mardi, voici des chiffres pour 2015.

Julien Crepin
France, Pays de la Loire, Loire-Atlantique, Nantes, technician with mask and protection outfit on asbestos removing site, filling waste bag Model release : not available or not applicable Property release : not available or not applicable Alain Le Bot / Photononstop / Reporters Ref : 483933
France, Pays de la Loire, Loire-Atlantique, Nantes, technician with mask and protection outfit on asbestos removing site, filling waste bag Model release : not available or not applicable Property release : not available or not applicable Alain Le Bot / Photononstop / Reporters Ref : 483933 ©Reporters / Photononstop

Alors que la cour d’appel de Bruxelles examine un dossier très lourd sur le plan judiciaire mais aussi humain autour de la société Eternit dès ce mardi, voici des chiffres pour 2015.
Le Fonds amiante (Afa) a reconnu, en 2015, 292 victimes de mésothéliome, un cancer lié à l’exposition à l’amiante. Ce chiffre représente une augmentation de plus de 60 % par rapport à 2014, quand l’Afa en avait reconnu 181. Mais ces chiffres sont loin des réalités selon Eric Jonck-heere, président de l’Abeva (Association belges des victimes de l’amiante).

Pour lui, les chiffres en Belgique avoisinent les 900 chaque année. "Si on part du même calcul que celui faits dans nos pays voisins comme la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas, on considère que 10 % des cancers sont liés à l’amiante. En Belgique, chaque année, 7.000 personnes décèdent des suites d’un cancer. Cela fait 700 victimes de l’amiante. À cela s’ajoutent les autres maladies comme l’asbestose. Quand on sait que la Belgique était la championne du monde de l’amiante, cela laisse peu de doute quant aux conséquences sanitaires."

Et l’Abeva est loin d’être encourageante quant à l’évolution du nombre de victimes. L’association estime que le pic de victime sera atteint entre 2025 et 2030. "Les maladies dues à l’amiante ont une latence qui va jusqu’à 40 ans. Vu que l’amiante n’a été interdite qu’en 1998, le pic arrivera vers 2025 et durera jusqu’en 2035. En plus pour le moment, ce sont les victimes professionnelles qui se sont déclarées jusqu’ici. Bientôt, les victimes environnementales arriveront. C’est-à-dire les gens qui ont été en contact avec de l’amiante dans leur entourage."

Certaines inégalités subsistent. En cas de cancer des poumons dû à l’amiante (prouvé), les salariés (travailleurs dans le bâtiment) ont droit au Fonds des maladies professionnelles, mais les indépendants, pourtant très nombreux dans le secteur de la construction, n’y ont pas droit. Et comme les cancers du poumon, des ovaires, du larynx ne sont pas non plus sur la liste des maladies qui peuvent être indemnisées par l’Afa (Fonds amiante belge), les indépendants qui ont été exposés à l’amiante et intoxiqués par celle-ci, ne sont en aucun cas soutenus ou dédommagés.

Un dernier détail choque l’association, "L’Abeva est interloquée par l’immunité offerte, dans le système Afa, aux responsables du dommage, et critique vivement cette disposition. Sous prétexte que les entreprises contribuent (0,01 % de la masse salariale…) au financement de l’Afa, il est impossible à toute victime d’obtenir une réparation en justice."

La Belgique est le seul pays à offrir ce genre d’immunité.

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