De moins en moins de jeunes passent le permis de conduire: la tendance s'accentue !
La proportion de jeunes de 18 ans possédant un permis de conduire est passé de 44 à 38 % en 15 ans.
Publié le 30-06-2017 à 07h34 - Mis à jour le 30-06-2017 à 07h37
La proportion de jeunes de 18 ans possédant un permis de conduire est passé de 44 à 38 % en 15 ans. Passer le permis de conduire dès 18 ans comme la plupart de leurs parents n’est plus du tout une évidence pour les jeunes Belges. La proportion de jeunes de 18 ans propriétaires du fameux permis B est ainsi toujours plus faible chaque année, passant de 44 % en 2000, à 41 % en 2009 et 38 % en 2016. C’est ce qui ressort des chiffres que l’Institut belge pour la sécurité routière (IBSR) a transmis à La DH. Il s’agit d’une faible mais constante diminution, indique l’IBSR, qui ajoute que ces statistiques à la baisse ne sont pas propres à la Belgique, mais s’inscrivent dans un phénomène observable à l’échelle européenne.
Les chiffres du SPF Mobilité concernant la délivrance d’un permis montrent, de leur côté, une baisse du nombre de nouvelles obtentions du permis de conduire en Belgique. C’est ainsi que 122.772 permis de conduire ont été délivrés en 2015, soit 2,7 % de moins qu’en 2014 et 10 % de moins par rapport à 2010. Un peu plus de la moitié des permis (56,7 %) ont été remis à des jeunes âgés de 18 à 20 ans. Sans surprise, une diminution du nombre de permis délivrés à des jeunes de 18 ans (-10,3 %) et de 19 ans (-15 %) est aussi constatée depuis 2010.
Pour l’IBSR, ces chiffres à la baisse concernant les jeunes de 18 ans au volant s’expliquent par une multitude de facteurs, parmi lesquels la hausse continue du nombre de Tanguy (ces jeunes de 18-34 ans vivant encore au domicile de leurs parents), le développement des transports en commun et du système de voitures partagées, les changements de comportements en termes de sortie (les jeunes parcourent moins de kilomètres pour se rendre en boîte de nuit), mais aussi également la crise économique.
"Selon notre sociologue, il faut d’abord savoir qu’il s’agit d’un phénomène européen. Il y a différentes raisons, dont la hausse du nombre de Tanguy, qui restent vivre chez leurs parents et ont donc moins la nécessité de passer leur permis. La deuxième raison, ce sont les réseaux sociaux, qui sont de plus en plus importants pour les jeunes. Avec une conséquence : les jeunes voient moins la nécessité de sortir, car ils sont déjà en contact avec des gens. On avait déjà vu ça avec la baisse du nombre de scooters", explique Benoit Godart, porte-parole de l’IBSR.
Les jeunes ont également changé leur modèle de sortie, indique l’Institut. "Avant, ils n’hésitaient pas à faire 100 km pour aller en boîte de nuit, alors qu’ils cherchent désormais à parcourir des courtes distances. Et puis, il y a encore une autre raison pour le passer plus tard, ils voient également que les embouteillages ne cessent d’augmenter", conclut Benoit Godart.
Si le Belge passe moins son permis à 18 ans, son obtention reste toujours un must. "Cette baisse du nombre de permis n’aura pas vraiment d’impact sur notre mobilité car ces jeunes passeront leurs permis plus tard", assure l’IBSR.
À noter également : moins de permis sont également décernés à des personnes de plus de 70 ans. Celles-ci étaient 7 à l’obtenir en 2015, contre 35 en 2010 et 93 en 2005.
"Je pense passer bientôt mon permis car cela peut aider sur le marché de l’emploi"
Gauthier, 24 ans, habite Auderghem, en région bruxelloise, et vient de terminer ses études supérieures en comptabilité. Pendant ses études, le jeune homme ne voyait pas l’utilité d’obtenir son permis de conduire. "Il y a un ensemble de raisons qui m’ont poussé à ne pas passer mon permis de conduire plus tôt, mais la principale, c’est que je n’en ai jamais eu vraiment besoin jusqu’ici. Quand il fallait sortir entre amis, il y avait toujours des amis avec une voiture par exemple. Et puis, s’il fallait sortir en dehors de Bruxelles, par exemple à la campagne, il était toujours possible de prendre le train. Quand j’allais au sport avec certains amis, il était aussi possible qu’ils viennent me chercher", explique le jeune Bruxellois.
"Je viens de finir mes études de comptabilité et après être parti en vacances, je vais chercher un travail. Je pense qu’avoir un permis de conduire peut aider pour obtenir un emploi ou peut de manière générale aider quand on travaille. C’est pourquoi je pense passer prochainement mon permis. Cela sera désormais plus utile. Jusqu’ici, c’était aussi une question de temps ! J’avais d’autres priorités et cela n’était pas nécessaire, car j’habite à Bruxelles et que les transports en commun sont bien développés", poursuit-il.
S’il obtenait bientôt son permis de conduire, Gauthier n’est pas sûr pour autant qu’il achèterait une voiture. "Tout dépendra notamment de si j’ai trouvé un emploi ou pas. Et puis, je pourrais très bien me dire que je vais d’abord mettre de côté ou partir en vacances", conclut-il.
"La voiture pollue énormément"
Pauline, 25 ans, habite Ottignies, dans le Brabant wallon, et après avoir terminé ses études en presse-information, cherche désormais un emploi dans le secteur de la communication.
"Je viens de passer mon permis théorique. Je l’avais déjà passé, il y a cinq ans, mais je devais conduire avec mes parents. Je n’étais pas à l’aise à l’époque. Je n’avais pas envie de le passer, car je ne me sentais pas prête. Mais même si j’avais passé mon permis plus tôt, j’aurais continué à prendre le train. Je n’aurais pas pu acheter une voiture. Cela coûte pas mal d’argent", explique-t-elle. " Mais je pense que si je trouve un travail, je continuerai à prendre le train pour mes déplacements vers le boulot. La voiture pollue énormément et puis, il y en a beaucoup trop dans la capitale à l’heure actuelle ! "
Reste que le monde du travail, constate-t-elle, privilégie souvent les détenteurs du permis B. "Je cherche un boulot dans la communication et je remarque que beaucoup d’employeurs recherchent quelqu’un avec le permis."
Ruée des Flamands sur les centres wallons et bruxellois
Comme chaque année fin juin, de nombreux étudiants terminent leurs examens scolaires et seront sur les listes d’attente pour passer leur examen de conduite pratique. Pour la porte-parole du Groupement des entreprises agréées de contrôle automobile (Goca), Marie De Backer, il y a chaque année des moments durant lesquels les centres faisant passer les examens pour le permis rencontrent davantage d’affluence. "Chaque année, il y a des moments où il y a un peu plus de monde, mais grosso modo, il faut toujours compter près de six semaines d’attente une fois qu’on s’inscrit", explique-t-elle.
Une nouveauté toutefois en ce mois de juin qui pourrait rallonger légèrement les listes d’attente : la volonté de certains Flamands de passer leur permis à Bruxelles ou en Wallonie en raison du durcissement des conditions pour obtenir celui-ci au nord du pays.
La réforme de l’examen du permis de conduire y est entrée en vigueur le 1er juin dernier. Quatre nouvelles manœuvres ont ainsi été ajoutées au programme de l’examen pratique, qui en comprenait deux jusqu’ici. Le candidat flamand devait effectuer deux manœuvres : le stationnement et arrêt en marche arrière derrière un véhicule et le demi-tour dans une rue étroite. Le candidat ne doit toujours aujourd’hui en effectuer que deux, mais doit tirer au sort parmi six manœuvres possibles. Lors de l’examen, le candidat doit également montrer sa capacité à prendre des décisions de manière autonome pour rejoindre une destination donnée, sans indications de l’examinateur.
Au final, les conditions d’obtention sont devenues plus difficiles qu’à Bruxelles et en Wallonie, et cela pousse donc certains Flamands à préférer le passer dans une des autres régions, explique Marie De Backer. Les réformes du permis de conduire en Wallonie et à Bruxelles ne sont pas encore entrées en application.