Pourquoi les punaises envahissent-elles nos maisons en ce moment?
Depuis le début de l’automne, de nombreuses personnes ont eu la surprise de trouver des punaises dans leur habitation.
Publié le 17-10-2018 à 22h41 - Mis à jour le 17-10-2018 à 22h44
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Depuis le début de l’automne, de nombreuses personnes ont eu la surprise de trouver des punaises dans leur habitation. L’association flamande de protection de la nature Natuurpunt indique recevoir des interpellations et des questions à ce sujet tous les jours depuis plusieurs semaines. Il s’agit très certainement de punaises indigènes et pas de punaises diaboliques, originaires d’Asie (lire ci-dessous).
L’année a été particulièrement bonne pour ces insectes et à l’approche de l’hiver, les voilà à la recherche d’un abri chaleureux. Contrairement aux punaises asiatiques qui sont invasives et dangereuses pour les cultures, les punaises indigènes sont inoffensives et ne doivent pas être éliminées. Stéphane Claerebout, spécialiste de ces insectes explique comment faire la distinction. "Quand on voit des punaises dans une maison, il peut soit s’agir de la punaise nébuleuse, soit de la punaise américaine des pins soit d’une punaise diabolique. Pour distinguer la punaise nébuleuse de toutes les autres espèces, il faut la prendre et la retourner pour pouvoir observer son ventre. Si elle présente une épine plus claire qui va jusqu’à sa tête, c’en est une. La punaise américaine des pins est plus grande que la nébuleuse et présente un w blanc sur les ailes. La punaise diabolique se distingue notamment de la punaise nébuleuse par la forme de sa tête, plus rectangulaire et par l’absence d’épine sur le ventre."
La punaise diabolique poursuit sa conquête de l’Europe
La punaise diabolique (Halyomorpha halys), une espèce invasive originaire d’Asie, poursuit sa conquête du territoire européen et fraye son chemin en Belgique. Présente en France depuis 2015, un premier spécimen a été repéré chez nous il y a un an à Saint-Nicolas et les entomologistes s’attendent à en voir de plus en plus. Le problème ? Elle est extrêmement dangereuse pour nos cultures.
"La punaise diabolique est phytophage, elle vient ponctionner des liquides et cause une déformation des fruits. J’ai reçu des photos de poires attaquées par ces punaises. Elles étaient totalement méconnaissables et ressemblaient plus à de la compote qu’à des poires. Le problème avec ces punaises, c’est qu’elles sont très mobiles : elles vont ponctionner un peu dans un fruit puis vont s’intéresser au fruit d’à côté. Elles s’attaquent aux raisins, aux pommes, aux poires, aux poivrons, au riz… Il peut y avoir jusqu’à 100 % de perte. En Italie, les dégâts se chiffrent en millions", explique Stéphane Claerebout, spécialiste des insectes et membre du Cercle des naturalistes de Belgique.
Selon l’expert, toutes les conditions sont réunies pour voir cet indésirable se multiplier chez nous. "Elles vont sans doute arriver par le port d’Anvers, par le train dans les bagages des voyageurs ou plus naturellement, en suivant la vallée du Rhin. Les punaises diaboliques n’ont pas de prédateurs ni de parasites, le climat belge leur convient très bien et elles ont tout ce qu’il leur faut pour manger. On peut s’attendre à ce que les populations explosent dans les dix prochaines années. Pour elles, l’Europe, c’est la ruée vers l’or !"
Mais comment cet insecte est-il arrivé en Europe ? Selon Stéphane Claerebout, le commerce international y est pour quelque chose. "On importe des plantes et des objets qui viennent de partout dans le monde grâce à des sites de vente en ligne. Tous ces objets se retrouvent dans des cargos qui viennent chez nous et qui peuvent contenir des milliers de punaises."
Pour faire avancer ses recherches, le scientifique invite toutes les personnes qui aperçoivent des punaises diaboliques à les prendre en photo et à le contacter par mail à cette adresse : cnbclaerebout@cnbnat.be.
