La Belgique cherche ses futurs espions et agents secrets: quels sont les profils recherchés?
La Sûreté de l’État va quasi doubler ses effectifs dans les prochaines années. Quels sont les profils recherchés?
Publié le 16-06-2021 à 19h57 - Mis à jour le 16-06-2021 à 20h41
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Avez-vous toujours rêvé d’une vie à la James Bond ? Ce sera peut-être bientôt possible, sans quitter la Belgique. Le ministre de la Justice l’a annoncé la semaine dernière, la Sûreté de l’État va recruter plusieurs centaines de nouveaux collaborateurs dans les prochains mois. Notre service de renseignement, qui compte actuellement 583 équivalents temps plein, va engager plus de 400 personnes supplémentaires. Des inspecteurs, des analystes et des fonctions de support. Des profils variés pour aider la Sûreté à exercer ses missions : lutter contre le terrorisme, l’extrémisme, l’espionnage et protéger le potentiel économique et scientifique de notre pays.
Quelles sont les qualités essentielles pour travailler à la Sûreté de l’État ? "D’une manière générale, nous cherchons des personnes qui ont un bachelor ou un master, qui démontrent une bonne dose de curiosité et un esprit critique, et qui sont capables de travailler tant en équipe que de manière autonome", explique Ingrid Van Daele, porte-parole de la Sûreté de l’État.
Autonome, parce que le travail d’agent secret suppose de travailler seul sur ses dossiers lorsque, par exemple, on est en contact avec des "sources" : des personnes évoluant dans le milieu que l’on surveille et qui vont transmettre des "informations".
En équipe, parce qu’il faut ensuite partager ces informations avec ses collègues. Mais pas n’importe quel collègue ! Seules les personnes travaillant sur le dossier dont il est question sont habilitées à partager des informations entre elles. C’est le fameux "besoin d’en connaître" (need to know) que les amateurs de la série Le Bureau des Légendes connaissent bien.
Un intérêt pour la géopolitique et pour l’actualité constitue également un atout pour postuler, tout comme la connaissance de certaines langues : notamment le russe, le chinois ou certaines langues orientales. Un service de renseignement efficace est une organisation composée de profils complémentaires, qui n’ont pas tous la même façon de réfléchir. "Dans ce contexte, il est intéressant de recruter des personnes d’horizons différents : des psychologues, des politologues, des criminologues ou encore des historiens", explique Thomas Renard, chercheur à l’Institut Egmont et spécialiste du terrorisme. Quel que soit son parcours académique, un bon officier de renseignement doit être capable de poser des questions pertinentes et d’établir des liens.
Mais contrairement aux pays voisins, nos services de renseignement ont parfois des difficultés à recruter les bons profils. "En Belgique, les procédures de recrutement sont lourdes et coûteuses" explique ainsi Kenneth Lasoen, professeur en renseignement à l’Université d’Anvers. "Tout doit passer par le Selor. Les futures recrues de la Sûreté doivent passer le même examen général que n’importe quel fonctionnaire fédéral avant d’être versés dans une réserve de recrutement. Cela peut décourager des profils ultra-spécialisés et les inciter à postuler ailleurs." Les nouvelles procédures de recrutement ne sont pas encore lancées. Elles devraient débuter dans les prochains mois.