"A touché le fond mais creuse encore" : le bulletin catastrophique de notre système éducatif
“Peut mieux faire”. “Continue à creuser mais n’a toujours pas trouvé de pétrole”. “En échec scolaire depuis 76 ans”… Le bulletin décerné à notre système éducatif par quatre associations n’est pas glorieux.
Publié le 21-06-2021 à 19h10 - Mis à jour le 21-06-2021 à 23h51
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Selon Inforjeunes, la Fapeo, la Ligue des droits de l’enfant et le Comité des élèves francophones, la Fédération Wallonie-Bruxelles et une partie de ses écoles ont encore du travail à fournir si elles veulent pouvoir passer au niveau supérieur.
Dans le viseur des associations, non pas l’attitude la ministre de l’Éducation Caroline Désir mais plutôt celle de certains établissements lors de la reprise en présentiel du 10 mai. Les associations leur reprochent en effet de ne pas avoir suffisamment tenu compte des incitations à la bienveillance et d’avoir accentué la discrimination envers les élèves les plus précarisés en décidant de consacrer le temps restant avant l’été à l’organisation d’examens et d’évaluations.
“L’école a enfin montré ce qu’elle était réellement et profondément. En matière d’inégalités, de discriminations, on n’a jamais fait aussi bien. Nous battons tous les records précédents et cela, uniquement grâce aux ‘bonnes écoles’ et à leurs pouvoirs organisateurs qui ont fait des interros et des examens pour pouvoir continuer à faire de la sélection sociale”, déplore Jean-Pierre Coenen, président de la Ligue des droits de l’enfant. “On met une pression insupportable sur les jeunes sans la moindre pitié, On y menace leur réussite, on les y rabaisse. Mieux encore, ces bonnes écoles se moquent complètement de leurs enseignants au bord du burn-out, obligés de pratiquer cette sélection inhumaine”, affirme-t-il.
La FAPEO et le Conseil des Élèves francophones, qui ont reçu de nombreux témoignages et d’interpellations d’élèves et de parents sur la manière dont les écoles ont géré cette crise partagent le constat de Jean-Pierre Coenen. Selon les deux associations, certaines écoles n’ont pas du tout tenu compte des difficultés liées à la crise sanitaire.
“Nous avons été bousculés par le désarroi des parents et des élèves face à une institution qui n’a pas pu prendre en compte la réalité sociale et de chaque élève au sein de son foyer. Un peu comme si durant cette période, considérer le contexte dans lequel nous étions tous était un luxe”, observe Véronique de Thiers, responsable de la branche bruxelloise de la FAPEO.
Plus grave encore, la confiance entre l’école et les usagers, qui n’était déjà pas au beau fixe avant la crise sanitaire est maintenant “franchement écornée.
“Des élèves se sentent ignorés face à leur mal-être ou sont en décrochage complet. Des parents au bout du rouleau nous font part de leur incapacité à répondre aux injonctions de l’école et confient avoir peiné à soutenir leurs enfants pour cette session d’examens.”
Dans ces circonstances, les associations appellent dès lors les conseils de classe “à ne pas sanctionner les élèves par un redoublement ou une orientation subie”.