Accidents de la route : le lourd tribut payé par nos enfants depuis dix ans
Ces dix dernières années, plus de 220 jeunes de moins de 14 ans ont perdu la vie sur nos routes.
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Publié le 09-05-2022 à 12h00
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Chaque jour en Belgique, près de 100 accidents générant des lésions corporelles chez l’un des usagers de la route impliqués sont comptabilisés en Belgique. Avec des conséquences parfois dramatiques : sur l’ensemble de l’année 2021, 484 personnes sont décédées.
Parmi les victimes, les enfants sont malheureusement encore (trop) nombreux. Entre 2010 et 2019, pas moins de 6 128 enfants âgés entre 0 et 14 ans sont décédés sur les routes européennes. Rien qu’en Belgique, au moins 222 enfants ont perdu la vie dans un accident depuis 2010, plongeant leurs familles dans une détresse effroyable.
Des chiffres heureusement en baisse : de 90 décès recensés en 1992, on est arrivés à 11 en 2019 et même 5 en 2020, année marquée par le Covid et la baisse du trafic sur les routes mais également par la hausse des déplacements à vélo. Rien qu’en 2019, 3 493 enfants ont été blessés dans un accident en Belgique.
Selon Naomi Wardenier, chercheuse au sein de l'Institut Vias, plusieurs facteurs peuvent expliquer un nombre si élevé de victimes chez les plus jeunes. "Leurs aptitudes physiques encore limitées constituent l'une des principales raisons pour lesquelles les enfants sont plus vulnérables, confie la chercheuse. En outre, leur autonomie restreinte signifie également que leur sécurité routière est largement influencée par des adultes et plus particulièrement pas les parents ou les personnes qui les gardent."
Les enfants auraient ainsi des difficultés importantes à se concentrer sur ce qui se passe dans la circulation. "Les jeunes enfants sont actifs, énergiques et souvent impulsifs. Ils sont vite distraits et peuvent de ce fait soudainement partir en courant sur la route. La perception de la profondeur chez les enfants est également encore limitée jusqu'à l'âge de neuf ans. C'est pourquoi les enfants les plus jeunes sont moins à même d'estimer la distance entre eux et un autre objet, en particulier lorsque les deux sont en mouvement."
Mais les enfants ne sont évidemment pas les seuls responsables des accidents dont ils sont victimes. Le comportement des autres usagers de la route joue fortement en la matière. Pour preuve : 46 % des déplacements quotidiens des enfants sont effectués en voiture et 8 % en transport en commun, moyens de locomotion dont ils ne sont pas maîtres. "Le nombre de victimes de la route entre 0 et 14 ans augmente avec l'âge", ajoute Naomi Wardenier. Un phénomène qui s'expliquerait par l'émancipation des jeunes au niveau de leurs modes de déplacements. S'il est inconcevable de laisser un enfant de 5 ans aller seul à l'école à pied ou à vélo, c'est plus régulier chez les pré-ados, qui font sans doute moins attention à leur sécurité que s'ils étaient accompagnés de leurs parents. "29 % des victimes de la route âgées de moins de 15 ans se sont déplacées à vélo et 22 % à pied." Soit une proportion supérieure à celle de l'ensemble de la population, de respectivement 29 % et 9 %.
"Les victimes de la route de moins de 2 ans sont surtout des passagers en voiture (84 % à 0 an et 59 % à deux ans). Entre trois et neuf ans, près de la moitié des victimes de la route sont des passagers en voiture et entre un tiers et un quart sont des piétons. À partir de neuf ans, la part de passagers en voiture dans les victimes de la route chute sans interruption. La part de victimes parmi les cyclistes, elle, augmente avec l’âge : cela concerne 5 % des enfants de deux ans, 18 % des enfants de huit ans et 53 % des enfants de 14 ans. La part de piétons augmente pour passer de 6 % à 32 % au cours des premières années de la vie (0 à 4 ans), puis diminue à partir de cinq ans (30 % des enfants de cinq ans à 19 % des enfants de 14 ans."
Les parents ont aussi un important rôle à jouer lorsqu'ils transportent leurs enfants en voiture. Selon l'étude de Vias, plus de sept enfants sur 10 seraient mal - voire pas du tout - attachés lors des trajets. "26 % des enfants de moins de 135 cm (NdlR : la taille jusqu'à laquelle un siège auto ou un rehausseur est obligatoire en Belgique) sont installés sur un dispositif de retenue pour enfant adapté correctement utilisé. Par contre, 56 % des enfants sont transportés dans un dispositif adapté à leur poids ou taille mais pas correctement utilisé."
Par ailleurs, 15 % des enfants sont transportés dans un dispositif inadapté dont près de la moitié est, de surcroît, mal utilisée. Enfin, 3 % des enfants ne sont pas du tout attachés - ne fût-ce que par une ceinture de sécurité - lorsqu’ils voyagent en voiture. Rien qu’en 2020, plus de 4 100 infractions ont été constatées en matière d’utilisation (ou d’absence d’utilisation) de systèmes de retenue pour enfants. Une infraction passible, pour le conducteur, d’une amende de 174 euros.