Mener sport de haut-niveau et études : quel casse-tête !
Pas de sports-études, pas de centre d’entraînement : le golf belge, notamment francophone, regorge de talents mais manque cruellement de structures.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/d1f3cd22-e02b-4eb2-a930-2c63dc6e6aeb.png)
Publié le 27-01-2023 à 17h22 - Mis à jour le 28-01-2023 à 17h21
:focal(1572x2098:1582x2088)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/Y2GIH3VMZNGCPMEEL6YFWNUJSA.jpg)
Mener de front une carrière de sportif de haut niveau et des études, cela ne devrait pas se muer en dilemme. Pourtant, en Belgique, cela reste encore souvent un choix cornélien et insoluble. Si certaines disciplines bénéficient d’un sport-études comme le football (Anderlecht et le Standard l’utilisent avec bonheur), le tennis, le basket ou même le cyclisme ; d’autres doivent se débrouiller. Trouver un système D. Parfois coûteux. C’est le cas pour les golfeuses et golfeurs dont notre pays regorge de talents pour une fédération qui compte 70.000 affiliés. Prenons un cas spécifique qui se mue en parcours du combattant : Hugo Duquaine (15 ans).
Champion de Belgique à cinq reprises, sélectionné en équipe nationale, actuel huitième joueur belge (déjà…), il s’inscrit comme une grande promesse de ce sport désormais olympique.
À son âge, pas question de tout miser sur le green et une future éventuelle (et rêvée…) carrière professionnelle. Néanmoins, s’il souhaite améliorer son niveau, cela passe par des compétitions à l’étranger pour se frotter aux meilleurs et découvrir de nouveaux greens. Après avoir pu suivre sa scolarité dite normale, et malgré quelques facilités, il s’est résolu, en concertation avec ses parents, à sortir du cadre dit traditionnel.
” Jusqu’à la fin de sa 3e année secondaire à l’Institut Saint-Jean Baptiste de Wavre, Hugo a pu suivre avec succès grâce à son statut d’“espoir sportif “, raconte son père Olivier. Une dérogation du Ministre des Sports lui permettait d’avoir entre 50 et 60 demi jours d’absence et d’être exempté du cours de gym et de deux options. Malgré de bons résultats scolaires, cela devenait difficilement compatible avec les exigences de son statut. Dans une école dite normale, les professeurs n’attendent pas un élève qui s’absente et il passait des heures à faire des devoirs et étudier des leçons.“
En poursuivant ce cursus, Hugo risquait de ne plus progresser en golf et de ne jamais connaître ses limites. Si la France mais aussi la Flandre (Golf Vlaanderen à Hasselt) a créé un vrai golf-études avec des coaches, des préparateurs physiques et mentaux, des nutritionnistes, etc. à disposition et un programme scolaire qui tient compte des compétitions, des stages et des besoins, rien de tout cela dans la partie francophone du pays.
Un centre national d'entraînement existe en France et aux Pays-Bas. Pas chez nous...
Dans les colonnes de nos confrères de Trends, Vincent Borremans, manager de Nicolas Colsaerts, l’une de nos stars de la discipline, et expert du sport de St Andrews, pointe ce manque : “Le talent et l’encadrement privé ne sont pas suffisants. Il n’y a pas de centre national d’entraînement pour réunir au même moment les meilleurs éléments. Cela existe en France avec le Golf National et aux Pays-Bas avec Bernardus.”
Nous avons contacté le cabinet de la ministre Valérie Glatigny qui confirme non seulement qu’aucun golf-études n’existe à l’heure actuelle mais qu’aucun projet n’a été introduit notamment pour l’Association Francophone de Golf.
Dans le cas d’Hugo, la seule et unique option a été de le sortir du cadre scolaire traditionnel et de l’inscrire au jury central pour les trois années à venir. Encore fallait-il trouver une… école qui prépare ces épreuves.
Cap International School, situé à Wavre, a l’habitude de travailler avec des sportifs et en saisit les besoins tout en ne négligeant pas le niveau des études.
” Sens de l’exigence, et dépassement de soi-même, telles sont les vertus que Cap met au service des jeunes sportifs pour assurer non seulement la réussite de leurs études secondaires, mais aussi les préparer aux exigences du monde universitaire et leur apporter, surtout et également, la sérénité nécessaire pour répondre aux exigences de leur passion : mises à jour et remédiations au lendemain de leurs absences pour les compétitions, stages ou entraînements et souplesse des horaires, relate Jean-Marc Kreusch le directeur de l’établissement. Cette dimension humaine débouche sur une véritable success story ! Hugo Duquaine la construit pour l’instant, Ulysse de Pauw en compétition automobile et Laure-Line Monnoyer l’ont déjà connue.”

Le sport automobile et le tennis, des disciplines qui n’ont pas forcément les mêmes facilités que d’autres sports.
Pas question d’études au rabais ou d’examens facilités mais la méthode est différente.
” Les classes comportent 6-7 élèves. Pas de leçons ni de devoirs ce qui permet à Hugo de trouver un vrai équilibre et, par exemple, de pouvoir suivre une préparation physique quotidienne. Pas de bulletins proprement dits mais des tests réguliers pour s’assurer que les élèves ont bien assimilé la matière. Les profs sont là pour faire réussir les élèves et prennent conscience de leurs spécificités et de leurs difficultés. “

Ce n’est certes pas LA solution idéale mais cela reste la même mauvaise afin de permettre à des espoirs du sport belge de titiller leur rêve. Tout ne sacrifiant pas leur avenir si leur talent ne leur permet pas de faire carrière. A 18 ans, Hugo espère rejoindre une université américaine d’Illinois comme Adrien du Mont de Chassard (22 ans), autre pépite belge des greens.