Projet fou aux USA : une start-up veut redonner vie au dodo et au mammouth
Elle prétend pouvoir resusciter le sympathique volatile d'ici six ans en utilisant la technique dite des "ciseaux moléculaires"
Publié le 20-02-2023 à 15h41 - Mis à jour le 20-02-2023 à 15h42
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Colossal Biosciences, une start-up américaine a annoncé fin janvier son projet de faire revenir à la vie d'ici six ans le dodo, un sympathique volatile disparu il y a près de 400 ans à cause de l'activité humaine. L'entreprise avait déjà communiqué par le passé sur des projets similaires concernant le mammouth laineux et le loup de Tasmanie éteints respectivement il y des milliers d'années et près de cent ans.
Pour parvenir à cette "désextinction", Colossal Biosciences entend utiliser la technique dite des ciseaux moléculaires. Grosso modo, il s'agirait pour les scientifiques de lire l’ADN de dodo dans des spécimens conservés et d'insérer des segments uniques à cette espèce sur un ruban d'ADN de pigeon de Nicobar, un oiseau proche du dodo d'un point de vue génétique. Un oeuf de pigeon de Nicobar modifié avec cet ADN donnerait ensuite naissance à un être vivant possédant certaines caractéristiques génétiques du dodo. Simple comme bonjour! Sauf qu'en pratique, reproduire à l'identique une espèce disparue est impossible. Dans le meilleur des cas, les scientifiques pourraient obtenir une sorte de pigeon de Nicobar aux allures de dodo mais certainement pas un vrai dodo.
"Ramener à la vie l'animal tel qu'il a vécu est impossible. Par contre, il est possible d'adapter le génome d'un animal pour qu'il ressemble à une espèce éteinte. C'est un peu du bricolage, une reconstruction d'animal plus qu'une résurrection", prévient Gontran Sonet, assistant de recherche à l'Institut des Sciences Naturelles. Le terme "désextinction" n'est donc pas tout à fait correct.
De plus, obtenir un semblant de dodo ne pourrait se faire qu'au prix de nombreuses tentatives. "Beaucoup d’embryons risquent de ne pas survivre. Il y aura beaucoup d'essais/erreurs. On va sacrifier beaucoup d’organismes et dépenser beaucoup d'argent pour un animal dont on ne connait pas les chances de survie. Depuis son extinction, le milieu du dodo n'est plus le même. L'animal n'aurait sans doute pas les caractéristiques nécessaires pour survivre dans son nouvel environnement", poursuit Gontran Sonet.
L'argument de la préservation de la biodiversité est également contesté par le scientifique. "Le rythme auquel disparaissent de nombreuses espèces est beaucoup plus rapide que celui auquel on pourrait les faire renaître", estime l'assistant de recherche. Selon lui, le principe de désextinction serait trompeur. "Le mot désextinction donne l'impression qu'on pourrait réparer nos erreurs en faisant revenir les espèces éteintes à la vie. Il véhicule indirectement l'idée qu'on peut faire n'importe quoi avec la science pour compenser l'impact humain sur la nature. Je pense que l'argent utilisé pour recréer un dodo pourrait être utilisé plus efficacement pour lutter contre la perte de biodiversité."