James Bond : la modification des romans fait polémique

Certaines références racistes vont disparaître des rééditions, mais pas des phrases choquantes sur le viol ou l’homosexualité.

Pour les 70 ans de Casino Royale, les romans de Ian Fleming vont subir quelques modifications.
Pour les 70 ans de Casino Royale, les romans de Ian Fleming vont subir quelques modifications. ©Eon Productions

C’est un débat aussi ancien que la woke culture : faut-il expurger les grands classiques de la littérature ou de la BD de toute une série de termes d’une autre époque aujourd’hui considérés comme très sensibles, ou bien les garder dans leur forme originale, au risque de choquer les nouveaux lecteurs ? Faut-il voir Tintin au Congo comme un miroir de l’esprit colonialiste des années 30 ou comme une BD à connotation raciste ? L’œuvre d’Agatha Christie se trouve-t-elle dénaturée en raison du remplacement du mot “Nègre” par “Soldat” dans Ils étaient dix (autrefois intitulé Les dix petits Nègres) ? Charlie et la chocolaterie, de Roald Dahl, froissera-t-il moins parce qu’Augustus Gloop n’est plus qualifié de “gros” mais “d’énorme” ?

Les discussions, déjà passionnées, devraient reprendre de la vigueur avec l’annonce de Ian Fleming Publications de rééditer en les modifiant tous les romans de James Bond à partir d’avril, à l’occasion des 70 ans de Casino Royale. La maison d’édition a en effet demandé à des “sensivity readers” de scruter les références sexuelles qui ne seraient plus acceptables actuellement ou les mots offensants pour certaines communautés. Ainsi,Nègre” (décidément…) sera remplacé systématiquement par “personne noire”. Dans Vivre et laisser mourir (1954), les Africains ne seront plus décrits comme “des gars plutôt respectueux des lois, saufs quand ils ont trop bu” mais juste comme “des gars plutôt respectueux des lois ;” Et on ne lira plus “Bond pouvait entendre le public haleter et grogner comme des porcs devant l’abreuvoir” dans un bar afro-américain d’Harlem, mais bien “Bond pouvait sentir la tension électrique dans la pièce”.

Plusieurs passages des romans James Bond réécrits ou supprimés dans leur version originale

Dans Opération tonnerre (1961), Quantum of solace (1960) et Goldfinger (1959), les références ethniques seront aussi supprimées. Assez étrangement, par contre, la présentation du Coréen Oddjob dans Goldfinger restera inchangée. Et d’après The Telegraph, des phrases telles que “la douce saveur du viol”, la référence à “un travail d’homme” et la description de l’homosexualité comme un “handicap tenace” n’ont pas dérangé les “sensivity readers” et se retrouveront toujours dans les rééditions.

Autant de modifications et d’absences de changement de nature à enflammer encore un peu plus le débat. Si vous trouvez les soirées familiales ou entre amis un peu trop calmes, voilà un sujet qui devrait bien les animer.

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