Le Ramadan de plus en plus tôt à l’école, parfois dès 9 ans: "On a parfois peur qu’un élève fasse un malaise"
Dès la quatrième primaire, alors que rien ne les y oblige. Avec quelles conséquences pour ces élèves et la vie de la classe ?
Publié le 31-03-2023 à 06h44
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Le 22 mars a marqué le début du ramadan pour les musulmans de Belgique et du reste du monde. Pendant cette période, qui prendra fin le 20 avril, les musulmans ne peuvent en théorie ni manger, ni boire, ni avoir de relations sexuelles, ni fumer entre le lever du jour et la tombée de la nuit et ce, dès la puberté.
"Le ramadan est un des cinq piliers de l'Islam. Il est normalement obligatoire pour tous les musulmans de la puberté jusqu'à un certain âge. Pour les filles, ça commence aux premières règles et pour les garçons, ça dépend de la culture et de différents critères. Il y a des exceptions pour les vieilles personnes, les malades, les femmes enceintes ou qui allaitent par exemple", explique Mustapha Chairi, président du CIIB (Collectif pour l'inclusion et contre l'islamophobie en Belgique). Il est communément admis que le ramadan, chez les garçons, ne doit pas être pratiqué avant 13 ans.
Pourtant, bien qu'il ne soit obligatoire qu'à partir de la puberté, des enfants plus jeunes le pratiquent régulièrement. "Rien n'oblige les enfants à le faire avant la puberté, mais il y a une sorte de concurrence entre enfants qui en retirent un fort sentiment de fierté. Il y a des enfants qui veulent le faire dès huit ans par prestige", poursuit-il.
Dès la quatrième primaire, soit à 8 ou 9 ans
Selon Christine Toumpsin, directrice d'une école primaire du réseau libre et présidente du collège des directeurs de l'enseignement fondamental catholique, les élèves participant au jeûne sont de plus en plus nombreux en primaire. "Des élèves qui font le ramadan, on en rencontre de plus en plus et de plus en plus tôt, c'est-à-dire dès la quatrième primaire dans le cas de mon école", explique-t-elle.
Le jeûne, quand il est suivi par de jeunes enfants, suscite parfois des questions et des inquiétudes chez des enseignants. "Dans ma classe, j'ai des enfants, pas des adolescents. Ils semblent parfois bien jeunes pour faire le ramadan et ce sont les instituteurs et éducateurs qui sont responsables des enfants quand ils sont à l'école. On a parfois peur qu'un enfant fasse un malaise en classe. Que doit-on faire si un enfant n'a pas l'air bien ? Lui donner à boire ou le laisser comme ça ?", s'interroge une institutrice primaire qui a souhaité garder l'anonymat. L'enseignante s'interroge également sur les répercussions du jeûne sur la concentration des enfants. "Quand ce sont des élèves qui ont des difficultés scolaires qui font le ramadan, on a parfois peur que la fatigue et la faim accentuent leurs difficultés.", explique-t-elle.
Pour Mustapha Chairi, un équilibre doit être trouvé, en dialogue avec les parents et les enseignants. "Les professeurs se sentent responsables en cas de problème et forcent les enfants à boire ou à manger pour éviter d'avoir des problèmes. Je pense qu'il y a un juste milieu à trouver pour éviter ce genre de situation. Je pense qu'il ne faut pas empêcher les enfants de faire le ramadan s'ils en ont envie et n'ont pas de problème de santé, explique-t-il. C'est une question délicate, qui relève de la vie privée des élèves. Quand une situation soulève des questions, je fais appel à des institutrices de l'école qui sont elles-mêmes de confession musulmane et qui ouvrent alors un dialogue avec les parents", indique de son côté Christine Toumpsin.