L’appartement est sombre, petit, et les taches sur le parquet y font presque office de décoration tant celle-ci est inexistante. Une grosse télé habille le coin du salon et de rares meubles comblent le vide. Stéphanie glisse une serviette sur le canapé et nous invite à nous asseoir. Elle s’allume une cigarette qu’elle laissera se consumer presque sans la porter à ses lèvres, tant elle a de choses à nous raconter.
Stéphanie a parfois l’impression que sa vie ressemble à un roman. Quand nous lui demandons lequel, elle marque une pause avant de rire : " Eh bien Les Misérables, hein ", glisse-t-elle.
Il faut dire que Stéphanie a tout pour faire un bon personnage : le verbe haut, la gouaille chaleureuse et le sens de la punchline… Seulement Stéphanie n’est pas un personnage de roman. D’ici vendredi, elle devra quitter l’appartement dans lequel elle vit avec sa fille à Saint-Gilles : " Je ne sais pas comment je vais faire", avoue-t-elle.
Une situation dramatique qui sonne le glas d’une année qui l’aura vue contrainte de se prostituer afin de maintenir sa vie, et celle de sa fille, à flot. L’année dernière à la même époque, Stéphanie travaillait comme serveuse dans un bar à Uccle. Avec l’épidémie de Covid-19, elle perd son emploi et doit déménager. Stéphanie refuse que sa fille manque de quelque chose quitte à se priver elle-même. Mais comment acheter à manger, des vêtements pour sa fille et lui offrir un toit sans de régulières rentrées d’argent ?
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