Un truand en cavale abattu

Gilbert Dupont

Karim Cheffou n'était pas armé. Sauf d'une BMW avec laquelle il était prêt à tout écraser...

SCHAERBEEK Et puis, les policiers ont trouvé chez lui une kalachnikov et deux grenades défensives -les plus dangereuses. Et de la drogue (cocaïne). Et du fric (déjà en euro) suspect, provenant plus que probablement de trafics, sans doute de revente de voitures car-jackées.

Scène de Far West à la Miami Vice hier en tout début d'après- midi dans un quartier fréquenté à Schaerbeek, Helmet. Elle a été fatale à un truand - car-jacking, hold-up à répétition, prise d'otages - recherché pour cinq ans de prison à purger, un homme jeune - 23 ans - mais dangereux, connu pour s'être évadé il y a quatre ans à Molenbeek, condamné début janvier 2002 pour hold-up dans un Delhaize, connu enfin pour ne pas être rentré d'un congé pénitentiaire - ce qui prouve aux enquêteurs qu'il a eu sa chance...

Au départ Molenbeekois, Karim Cheffou avait promis de ne jamais se laisser prendre sans résistance. Motif pour lequel son interception était confiée à des superflics. Mercredi, 14 h 35, plusieurs équipes sont planquées assez loin dans ce quartier qu'il connaît comme sa poche. Cheffou dispose d'une planque derrière l'église de la Sainte-Famille, avenue Huart Hamoir. Comme il est réputé y détenir un arsenal - un fusil d'assaut kalachnikov et deux grenades y ont effectivement été trouvées - et comme il vit à l'adresse avec un comparse, il est décidé que Cheffou ne serait pas intercepté at home. Mais dehors.

L'occasion se présente vers 14 h 35 quand l'homme traqué sort de chez lui et s'installe au volant de sa voiture, une BMW 320 injection vert bouteille - apparemment pas volée- immatriculée DGD 161.

Selon nos infos, Cheffou a déjà fait l'objet, tout récemment, de plusieurs tentatives ratées d'interception. Il a à chaque fois pu s'échapper. Bref, une équipe (en BMW) de l'escadron démarre pour le coincer. Cheffou, repéré, grimpe et roule sur le trottoir. Déjà il écrase - au passage - le pied d'un membre de l'Esi (devenu DSU). Ceux-ci se considèrent en légitime défense: l'arme, c'est la BMW dont Cheffou se sert comme d'un bulldozer.

Le gangster a pris plusieurs balles tirées de face et de l'arrière. Il s'écroule, mort, tué net, sur le volant. La BMW va percuter un poteau d'éclairage. Une balle perdue de l'Esi perfore l'écran d'un Bancontact de l'autre côté de la rue. Sans blesser personne. Cheffou meurt comme Saïd Charki il y a trois ans près de la place Bara, à Anderlecht: pour Charki, le parquet avait retenu la légitime défense. On craint, à ce moment, que Karim Cheffou ne soit bardé d'explosifs. Le quartier est bouclé, les démineurs du SDFT (déminage Force terrestre) appelés de Heverlee. Mais ce n'est pas le cas. Dans le quartier, les jeunes surtout parlent vite et à tort de bavure. Du coup, pour éviter une flambée d'émeute comme après la mort de Charki, la gendarmerie envoie une arroseuse sur place. Elle n'aura pas à intervenir et la tension se limitera à quelques insultes pas bien graves à l'égard des services de police!

Ajoutons qu'une dame a tout vu depuis le premier étage de son appartement. Son témoignage confirme la version légitime défense. Une enquête n'en est pas moins confiée par la juge Cécile Florival à la Crime de la police fédérale...

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