Amoureux fous mais interdits de mariage: tout ça parce que Sweety ne connaissait pas le prénom de la mère de Chouchou !
Un motif du refus : il ne connaissait pas le prénom de sa belle-mère !
Publié le 14-02-2023 à 10h29
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Quand nous lisons la réponse de l’Office des étrangers et celle du parquet du procureur du roi attentifs l’un et l’autre à combattre les mariages blancs, c’est sûr : Catherine et Willy ont tout contre eux.
Le passé de Willy plaide contre lui. Il a fait de la prison. Il a vingt ans de plus qu’elle. Il a divorcé et à la suite du divorce, les tribunaux l’ont condamné pour non-paiement de pension alimentaire. Et Catherine n’est pas la première. Avant de la rencontrer, une Camerounaise avait vécu chez lui.
Catherine, elle, est Kényane, arrivée en Belgique via les Pays-Bas, avec un visa de 45 jours. Mais l’amour était au rendez-vous. Ils s’aiment et c’est, aujourd’hui, la Saint-Valentin.
Cet été, Willy Van Dijck aura 70 ans. Sa Catherine n’en a pas 50. Le couple souhaite se marier. Sauf que le parquet a émis un avis négatif et qu’à Herbeumont où ils résident, les autorités refusent que Catherine, qu’il appelle 'Chouchou', et Willy, qu’elle appelle 'Sweety', deviennent mari et femme pour l’état civil.
Willy n'est pas du genre à tourner autour du pot. Plutôt du genre à parler cash. "C'est dans ma nature : j'ai un faible pour les femmes africaines. Le jour où j'ai rencontré Catherine, j'ai craqué pour elle. Physiquement, Catherine me plaît. C'est comme ça. Une femme, on la voit d'abord avec les yeux, et ce que j'ai vu m'a tout de suite plu et me plaît tous les jours de plus en plus. Nous dormons ensemble depuis le premier jour, et oui, nous sommes heureux."
Après un divorce houleux, c'est sur un site de rencontres que ce père de deux enfants faisait la connaissance de Catherine Githinji. Nous sommes en juillet 2021 et la Kényane, elle-même divorcée dans son pays, si elle dépend du centre Fedasil de Verviers, réside de facto chez sa sœur, Caroline, à Hasselt. "Les hasards nous ont rapprochés. J'habite depuis des années dans les Ardennes mais j'ai grandi à Hasselt. J'ai été dans l'enseignement et Catherine a enseigné l'anglais. Le jour où nous nous sommes rencontrés, nous avions des sujets de conversation. Nous deux, cela a tout de suite été le déclic."
En août, Willy proposait à la Kényane de s’installer dans les Ardennes. Catherine n’hésitait pas. En novembre, on prononçait le mot "mariage". En décembre, la mère de Catherine leur faisait parvenir du Kenya les documents réclamés par l’administration belge, notamment l’acte de naissance de sa fille en 1973 à Laikipia et l’attestation de son divorce en 2004.
En mars de l’an passé, l’ambassade du Kenya légalisait le tout. Le couple rentrait alors son dossier à la commune et celle-ci, considérant que tout était fin prêt, fixait le mariage civil au 16 avril 2022.

Erreurs fatales
Sauf qu’entre-temps, l’Office des étrangers émettait un avis défavorable. Ses services faisaient observer que si le projet aboutissait, il permettrait à Catherine, mariée à un ressortissant belge, d’obtenir un titre de séjour illimité. Dès lors, le parquet chargeait la police zonale d’enquêter.
Willy : "Catherine et moi avons été interrogés et ça a duré. Ils voulaient tout savoir."
Le 22 septembre 2022, la police transmettait les résultats de l'enquête à l'office du procureur du roi. Tout n'était pas entièrement négatif. Les enquêteurs admettent par exemple que "les déclarations des intéressés sont globalement concordantes".
Mais ils relevaient que Willy s'est aussi trompé. Ainsi, il ignorait le prénom du troisième frère de Catherine, se trompait sur celui de sa future belle-mère et croyait que Catherine avait été mariée "4 ou 5 ans" au Kenya alors qu'elle l'a été pendant neuf ans. Réponse de Willy : "Sérieusement, qui ne se tromperait pas ? C'est stupide de déduire d'erreurs comme celles-là que nous deux, ce n'est pas sérieux. Ma belle-mère, je ne l'ai jamais vue. Elle vit au Kenya..."
Il ajoute que les enquêteurs ont interrogé une ancienne relation de Catherine, un homme avec qui la jeune femme a vécu avant lui et qu'elle a quitté. "Cet homme a dit des choses désagréables sur elle. Il fallait s'y attendre. Ce n'est pas normal par contre qu'on en ait tenu compte."
Captures d’écran
Le parquet se base sur leur différence d'âge et sur les rumeurs du voisinage qui disent que Wlly "ne peut se passer de compagnie féminine".
Le couple avait fourni des photos en amoureux et des captures d'écran de conversations WhatsApp où les deux s'appellent Sweety et Chouchou. Là, le parquet refuse par contre d'en tenir compte : "De tels éléments ne sont pas de nature à prouver une relation durable. L'intention du couple n'est manifestement pas la création d'une communauté de vie durable, mais vise uniquement l'obtention d'avantage en matière de séjour, lié au statut d'époux."
Réciproque
"Ils nous reprochent d’avoir eu, l’un et l’autre, d’autres relations avant de nous connaître. J’ai 69 ans, Catherine bientôt 50. Où est-il écrit qu’il faut être vierge à 50 et 70 ans pour se marier ? Nous sommes amoureux. Ce que je vis avec elle, je ne l’avais jamais connu avec d’autres. La différence d’âge ? Cela ne pose aucun problème, ni à elle, ni à moi !"
Chouchou, mon amour
Le mariage faciliterait les déplacements, leur permettrait de quitter le pays, de voyager en France, au Grand-Duché, au Kenya où ils ont des projets et où Willy voudrait vivre ses vieux jours.
"On s’aime, conclut-il. J’aurai 70 ans l’été prochain. On voit des jeunes se marier alors qu’ils en connaissent moins de la vie. Catherine et moi, on s’appelle Sweety et Chouchou. On rigole, on s’éclate. Je n’avais pas connu ça avant de la rencontrer. Elle m’aime, je l’aime, c’est comme ça, cela ne s’explique pas..."