Les ventes de voitures diesel au plus bas depuis 30 ans !
Le bashing orchestré depuis des mois et la hausse du prix des carburants constituent un enterrement en bonne et due forme du diesel.
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Publié le 30-09-2021 à 10h33 - Mis à jour le 24-02-2022 à 14h29
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Les chiffres sont impressionnants. Et témoignent à eux seuls du véritable désamour des automobilistes pour le diesel. La descente aux enfers d’un carburant jadis porté aux nues par les autorités publiques est frappante. En 2008, le diesel était incontournable et ne laissait plus que des miettes aux autres motorisations : huit véhicules neufs vendus sur dix étaient propulsés au diesel (78,9 %), malgré des prix supérieurs aux véhicules propulsés à l’essence. Aujourd’hui, ce carburant ne séduit plus qu’un automobiliste sur quatre. Et encore, la grande majorité des véhicules diesel qui sortent d’usine sont aujourd’hui destinés au leasing.
Un désintérêt pour le diesel qui résulte du bashing orchestré depuis quelques années et de l'interdiction, future, de circuler à Bruxelles pour tous les véhicules diesel à partir de 2030. "C'est un fait, les voitures diesel se vendent de moins en moins, confie un concessionnaire Peugeot bruxellois. Ce n'est peut-être pas la même chose à Arlon mais, ici, à Bruxelles, les clients éprouvent une certaine méfiance à acheter un diesel. Et c'est pareil en Brabant wallon et flamand. Quand ils arrivent, ils demandent ce qu'on a en motorisation essence ou hybride. Le diesel ne les intéresse plus."
Un confrère de Renault abonde : "Les gens ne veulent plus acheter de diesel car ce sera interdit en 2030. Mais 2030, c'est dans plus de huit ans. Or, on change en moyenne de véhicules tous les 8-9 ans. Ils auraient donc la possibilité de l'amortir. Sans doute les gens ont-ils peur d'une dépréciation des prix à la revente. Le diesel jouit aussi aujourd'hui d'une image désastreuse, comme si c'était aujourd'hui devenu une honte de rouler en diesel alors que, pour rappel, le gouvernement l'encensait il y a encore 15 ans."
La hausse récente des prix du carburant, faisant battre ses records au diesel, constitue dès lors un enterrement en bonne et due forme. À raison de 25 000 kilomètres par an, il faut aujourd'hui dépenser près de 2 500 € par an pour se déplacer dans une voiture consommant du 6 l/100. Impayable pour beaucoup. Et cela n'aidera certainement pas les ventes à se relever. "Il est prématuré d'attribuer le recul du diesel à la hausse des prix à la pompe, tempère Christophe Dubon, porte-parole de la Febiac. La campagne de bashing dont ce carburant fait l'objet depuis quelques années peut par contre certainement avoir joué dans l'esprit des acheteurs particuliers, ce qui n'est pas sans effet sur les émissions de CO2 puisqu'une motorisation diesel est, sur ce plan, plus efficace qu'une motorisation essence."
Aujourd'hui, deux motorisations bénéficient en effet de ce désintérêt pour le diesel : l'essence, qui truste désormais 53,4 % des ventes (+1,6 % par rapport à 2020) sur les huit premiers mois de 2021, et l'hybride qui a le vent en poupe (16,6 %, +5,7 %) et devrait servir de transition en attendant la réelle démocratisation de l'électrique. "Nous estimons que les ventes de diesel continueront à diminuer dans le futur, en partie en raison de l'encouragement fiscal des voitures électriques comme voitures de société (et de la pénalisation accrue des moteurs à combustion), confie Sofie Luyckx, porte-parole d'Audi Belgium. Et si le prix du carburant ne cesse d'augmenter, cela aura également un impact sur les ventes."

Les voitures de société sauvent un marché du diesel en perdition
Entre janvier et août 2021, à peine 71 070 véhicules diesel ont été vendus en Belgique. Un chiffre qui ne devrait pas dépasser de beaucoup les 100 000 ventes d'ici la fin de l'année, les particuliers préférant attendre les offres alléchantes du Salon de l'auto. Certes les ventes souffrent de la pénurie mondiale de semi-conducteurs qui allongent les délais de livraison et poussent certains à se rabattre sur le marché de l'occasion, mais ces chiffres pourraient aussi être bien plus catastrophiques s'ils n'étaient pas boostés par les voitures de société. Selon la Febiac, 72,3 % des voitures neuves équipées d'un moteur diesel immatriculées en 2021 l'ont été au nom d'une entreprise. "Nous remarquons que, surtout dans les grands modèles, la part du diesel est encore relativement importante, confirme Sofie Luyckx, porte-parole d'Audi Belgium. Il s'agit généralement de voitures de société avec un kilométrage annuel élevé. Dans le segment des voitures compactes, nous ne vendons presque plus de diesel."
Selon Christophe Dubon, porte-parole de la Febiac, le diesel n'est d'ailleurs plus intéressant que pour "les gros rouleurs et les véhicules amenés à transporter/tracter de lourdes charges", en raison d'une consommation moindre aux 100 km.