Le match BYD-Tesla : nous avons mis une BYD Han entre les mains d’un conducteur de Tesla et voici son verdict
Les voitures chinoises veulent conquérir la Belgique avec des modèles qui n’ont plus rien à envier aux modèles traditionnels.
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Publié le 21-02-2023 à 15h06
La prochaine voiture que vous achèterez sera-t-elle d’origine chinoise ? Si les consommateurs européens partent, pour l’instant, avec un a priori négatif sur les voitures chinoises, il est dans l’ambition des différents constructeurs installés dans la patrie de Mao de les faire changer d’avis. La campagne de com' a débuté il y a quelques semaines, au Salon de l’Auto de Bruxelles, où une demi-douzaine de constructeurs exposaient, pour la toute première fois, leurs modèles électriques. Des voitures qui n’étaient pas passées inaperçues : le design, le confort, l’autonomie et, surtout, le prix des modèles n’avaient laissé personne ou presque indifférent. “Pour une même voiture, on devrait payer 10 à 15.000 euros de plus si on la fabriquait en Europe, nous soufflait alors un représentant de la marque chinoise Seres. Peut-être plus, même.”
Aujourd’hui, les voitures chinoises ne semblent plus rien à avoir à envier à leurs concurrentes européennes. Qui craignent un futur raz-de-marée chinois dans les prochaines années. La récente décision européenne d’interdire la vente des voitures thermiques à l’horizon 2035 pourrait même favoriser l’arrivée de ces voitures asiatiques sur le vieux continent : la production des batteries étant aux mains des chinois, certains eurodéputés qui ont voté contre la mesure européenne craignent qu’à l’instar du gaz russe, l’Europe devienne ultradépendante de l’industrie automobile chinoise dans les prochaines années. Avec comme conséquence une baisse de production en Europe, et des milliers d’emplois perdus à la clef.
Nous n’y sommes pas encore. Et les voitures chinoises devront encore cravacher pour séduire les consommateurs européens. Et les Belges en particulier, réputés pour être très conservateurs et prudents en matière de voiture. Parmi les marques chinoises qui ambitionnent de conquérir le marché européen, il y a BYD qui proposait trois modèles (la Han, l’Atto 3 et la Tang) au dernier salon de l’auto. Et qui va débarquer, dans les prochains mois, avec trois nouveaux modèles (Seal, Dolphin et Song) dont le premier devrait tourner autour des 25.000 €.
BYD envisage même de concurrencer la Tesla S avec la Han. Avec l’avantage de coûter près de 40.000 euros en moins : 72.000 € pour la Han, 110.000 € pour la Tesla S. La société estime “ne rien avoir à envier” à Tesla. Nous avons voulu vérifier en mettant le volant entre les mains d’un conducteur qui ne jure que par Tesla. Originaire de Thiméon, Laurent Delmas a conduit une Tesla 3, une Tesla Y et une Tesla X. Voici son verdict à propos de la BYD Han qu’il a pu tester :
1. Le confort

”C’est un véhicule qui est hyper confortable. On peut avoir l’appréhension du véhicule chinois mais ça a totalement disparu chez moi. J’ai beaucoup apprécié le confort qui, je trouve, est majestueux. À l’inverse, des petits moins sur la partie “cycle” par rapport à Tesla avec laquelle j’ai plus l’habitude. Mais dans l’ensemble, c’est top. On notera toutefois un gros bémol sur le son des clignotants qui, lors du test, était similaire au bruit d’une ceinture non bouclée sur les autres voitures. C’est assez dérangeant.
2. Le design

J’avais un a priori sur les véhicules chinois. Or, je trouve cette voiture très jolie. L’intérieur est très réussi. On peut voir ici et là des accessoires qui viennent de Mercedes (NDLR : le designer a été débauchée de la firme à l’étoile). Mais elle est vraiment très jolie.
3. L’habitacle
Évidemment, je la juge par rapport à ce que je connais sur ma Tesla. Je trouve les sièges hyper moelleux. L’amortissement est vraiment très très bon. L’insonorisation sur la route aussi. Que des points positifs.
4. L’équipement digital

Elle se positionne bien. Il y a à mes yeux un peu trop d’informations. Tesla va toujours au plus simple. On peut faire pivoter l’écran, ce qui ne m’intéresse pas mais ça peut en intéresser d’autres. On a de beaux graphismes dans les écrans. L’écran derrière le volant est, par contre, plus bas de gamme que le reste de la voiture à mes yeux.
5. L’espace intérieur

Les sièges sont beaux et confortables. À l’inverse, le toit fuyant du véhicule fait que, dès lors qu’on fait plus d’1m85, on commence à être un peu juste pour la tête lorsqu’on est situé à l’arrière. Sinon, il y a un bel espace pour les jambes.
6. Les rangements

La Tesla model S que j’avais à l’époque ne disposait de quasiment aucun rangement si ce n’est la boîte à gants. Dans les Tesla 3 ou X, on a beaucoup plus de rangement. Dans la BYD Han, il y a aussi pas mal de petits rangements, dans l’accoudoir, la boîte à gants, les portes… À ce niveau, c’est vraiment bien.
7. Le coffre
Un beau grand coffre mais qui souffre d’un point noir : le fait qu’il n’y ait pas de hayon. La capacité d’entrer dans le coffre est limitée. C’est un problème que je rencontrais avec ma Model 3 à l’époque. Ça c’est le point noir. N’importe quel grand carton qu’on achèterait ici ou là, on aurait des problèmes pour le rentrer dans le coffre alors que, pourtant, le volume est très grand.
8. Rapport qualité-prix

Le rapport qualité-prix est, très honnêtement, excellent. La différence de prix avec une Model S peut s’expliquer notamment par une différence de capacité de la batterie. Mais globalement, on en a pour son argent.
9. Consommation
La Tesla X consomme plus car c’est un SUV et que la résistance au vent va être différente. Par rapport à une Tesla S, la Han consomme un petit peu plus mais on est sur quelque chose de très correct pour ce qu’on a pu voir avec l’essai routier.
10. Verdict final
“La Byd Han se comporte vraiment bien par rapport à une Tesla S. Elle n’est pas supérieure mais elle en est très proche.”
”Notre objectif est que BYD devienne le premier vendeur de voitures électriques au monde”
À la base, le BYD fournissait des batteries. Mais entend bien conquérir l’Europe avec ses voitures. “Cela fait 27 ans qu’on est numéro un au monde pour faire des batteries, aussi bien sur des bus que des voitures, confie Muriel Gilbert, porte-parole francophone de BYD Belgique. Désormais, on a trois voitures et trois autres arrivent sur le marché. La BYD Han se positionne dans un segment particulier. C’est un véhicule comparable à la Tesla avec un prix nettement inférieur. Notre objectif est que BYD devienne le premier vendeur de voitures électriques au monde. Notre ambition est extrêmement forte et après le showroom de Zaventem, nous ouvrirons prochainement à Anvers et Gand ainsi qu’au Luxembourg.”
Avec pour objectif de convaincre les plus réticents. Notamment quant à la fiabilité des voitures proposées. “BYD a été créée il y a 12 ans maintenant, nous expliquait Frédérik Van den Bossche, le responsable fleet de la marque chinoise. Nous sommes déjà le leader mondial de la voiture électrifiée. On ne peut pas vraiment dire que nous manquons d’expérience : nous en avons plus que n’importe quel autre constructeur en matière d’électrification des voitures. Nous avons six ans d’avance sur tous les autres constructeurs. Dans cinq ans, je peux vous garantir que la valeur résiduelle de la voiture restera importante et qu’elle se vendra à un bon prix sur le marché de l’occasion.”
La composition même des batteries des BYD, à base de nickel et cobalt, empêcherait tout risque d’incendie, et donc d’explosion. “C’est une technologie de pointe qui dépasse toutes les autres. Et l’un des gros atouts de BYD, c’est que toutes nos voitures sont de stock avec toutes les options de série, contrairement aux autres marques où il faut plusieurs mois avant la livraison. Il faut uniquement choisir la couleur intérieure et extérieure.