Comment la voiture électrique contribue à améliorer votre santé
La diminution des émissions de dioxyde d’azote et de particules fines génère une baisse des problèmes respiratoires dans les villes.
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Publié le 25-02-2023 à 07h16
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Lorsque le gouvernement fédéral a lancé son offensive de verdissement du parc automobile, en mai 2021, son objectif principal était de permettre à la Belgique de répondre aux objectifs européens en matière de réduction de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. La décision, confirmée par la Chambre en novembre 2021, offrait alors une voie royale aux voitures électriques : à partir de 2026, seules les voitures ne rejetant plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pourraient être déductibles à 100 %, avec une diminution progressive du taux de déductibilité pour atteindre 67,5 % après 2031. Les véhicules de société thermiques (essence, diesel ou hybride), eux, ne pourront plus être déductibles fiscalement qu’à hauteur de 50 % en 2026, et 0 % dès 2028.
Résultat : on observe un réel engouement des entreprises vers l’électrique qui va de pair avec la multiplication des modèles. Aujourd’hui, une voiture nouvellement immatriculée sur dix est 100 % électrique, et neuf sur dix d’entre elles sont immatriculées par des sociétés. Les particuliers, eux, se montrent encore chétifs en la matière, notamment pour une question de coût – la voiture électrique la moins chère dépasse les 21.000 € -, d’autonomie et d’infrastructure de recherche.
Et si l’on se doutait que les voitures allaient contribuer à améliorer l’atmosphère par l’absence de rejets polluants dans celle-ci, l’ampleur de ce gain pour la santé n’avait pu être calculée. Du moins jusqu’à présent : une étude de l’école de médecine de l’Université de Californie du Sud (Keck School of Medicine), vient de démontrer que la diminution des émissions de dioxyde d’azote et de particules fines engendrées par l’augmentation dans les villes des voitures électriques, générait une baisse des problèmes respiratoires dans ces villes. “La transition vers les véhicules électriques devrait avoir des avantages collatéraux considérables pour la santé publique, mais la plupart des études qui concernaient jusqu’ici la qualité de l’air et les impacts sur la santé, provenaient de projections plutôt que de données réelles”, indiquent les chercheurs de la Keck School of Medicine.
Les résultats de cette étude, menée sur plus de six années dans toute la Californie du Sud, sont implacables : alors que le taux de véhicules électriques (VE) a augmenté dans la population, passant de 1,4 VE pour 1.000 habitants à 14,6, les problèmes respiratoires ont fortement diminué. Selon les chercheurs de la Keck School of Medicine, l’immatriculation à l’intérieur d’une même ville de 20 nouveaux VE pour 1 000 habitants était associée à une diminution de 3,2 % du taux de visites aux urgences liées à l’asthme. “Lorsque nous pensons aux actions liées au changement climatique, c’est souvent au niveau mondial, indique Erika Garcia, professeure adjointe de sciences de la population à la Keck School of Medicine. Mais l’idée que les changements effectués au niveau local peuvent améliorer la santé de votre communauté pourrait être un message puissant pour le public et les décideurs.”
En résumé, la voiture électrique contribuerait à améliorer la santé des habitants, qu’ils soient ou non propriétaires d’un tel véhicule. De son côté, Sandrah Eckel, professeure agrégée de sciences de la population, estime que les impacts du changement climatique sur la santé peuvent être "difficiles à aborder car ils peuvent sembler très effrayants. Mais ces résultats suggèrent que la transition vers les VE en est un élément clé.”
Des résultats qui devraient conforter nos autorités dans leur décision de verdir le parc automobile. Tout en prenant garde de ne pas créer un fossé sanitaire et de renforcer les inégalités, l’étude américaine ayant démontré que les quartiers à plus faible niveau d’éducation – et donc de revenus – étaient aussi ceux où les améliorations sanitaires étaient les plus réduites. Notamment parce que les habitants n’y avaient pas les moyens de passer à des véhicules électriques. "L’adoption des VE est significativement plus faible dans les quartiers avec des niveaux de scolarité inférieurs. Par exemple, un quartier avec 17 % de la population détenant un diplôme avait, en moyenne, une augmentation annuelle de 0,70 VE pour 1 000 personnes comparativement à une augmentation annuelle de 3,6 VE pour 1 000 personnes dans un quartier avec 47 % de la population titulaire d’un diplôme. Des recherches antérieures ont montré que les communautés mal desservies, telles que les quartiers à faible revenu, ont tendance à être confrontées à une pollution plus grave et aux problèmes respiratoires associés que les zones plus riches. Si les VE remplacent les voitures à essence dans ces quartiers, ils pourraient en bénéficier considérablement.”