Mais pourquoi le leasing de voitures électriques est-il aussi cher ?
C’est 57 % de plus que pour un modèle à essence, selon l’organisation Transport&Environnement. Et rien ne le justifie.
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Publié le 28-02-2023 à 10h22
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Les sociétés de leasing gèrent une partie sans cesse croissante du marché du neuf dans le secteur automobile, de l’ordre actuellement de 22 % en moyenne en Europe et de 30 % en Belgique, selon un rapport de Transport&Environnement, une organisation active dans ces deux domaines. Ce n’est pas rien puisqu’elles donnent le “la” du marché : après 3 ou 4 ans, en général, ces véhicules se retrouvent sur le marché de l’occasion. Elles déterminent donc largement le parc automobile que l’on retrouve ou que l’on verra prochainement sur les routes européennes.
Et là, constate et déplore à la fois Transport&Environnement, les dix principales sociétés de leasing, dont six appartiennent à des constructeurs, n’en font pas assez sur la voie de la transition vers un parc automobile plus vert. Or, “leurs décisions ont des implications sur les émissions de CO₂”, pointe le rapport. Le parc de voitures sous leasing est de quelque 12 millions de voitures, ce qui implique l’arrivée sur le marché de l’occasion de quelque 3,29 millions de véhicules chaque année. Ce n’est pas rien.
Si de nombreux constructeurs – Opel, DS, Renault, Peugeot, Volvo, …- comptent bien ne plus proposer que des voitures électriques sur le marché européen à l’horizon de 2030, les sociétés de leasing ne sont pas aussi promptes à suivre le mouvement vers le “zéro émission” de CO₂, selon les données récoltées par Transport&Environnement. Ainsi, Leasys and Free2 Move Lease (Stellantis), Alphabet (BMW) Mercedes-Benz Financial Services et Mobilize Financial Services (Renault) n’ont pas d’objectifs affichés de volume de véhicules électriques dans leur flotte d'ici 2030. ALD (groupe Société Générale) est la société la plus ambitieuse avec un objectif de 50 % de voitures électriques pour les nouveaux contrats conclus en 2030.
Il y a certes des objectifs d’électrification pour les nouveaux contrats, faut-il le souligner : 35 % de véhicules électrifiés en 2025 chez Arval (BNP Paribas), 70 % en 2030 chez VW Financial Services voire 100 % chez LeasePlan et Lex Autolease. Cela inclut donc les voitures hybrides, dont les rechargeables (PHEV). Or, Transport&Environnement n’est pas un grand fan de cette motorisation qui associe batterie électrique et moteur thermique. “Le moteur thermique et souvent activé dans l’utilisation réelle”, estime l’organisation, pour qui de nombreux véhicules roulent dans les faits avec des batteries électriques vides, ce qui bien entendu balaie totalement les plus faibles émissions de CO₂ évoquées par les constructeurs qu’un moteur thermique (essence ou diesel).
L’autre point épinglé par ce rapport est justement le coût du leasing d’un véhicule électrique. “Les sociétés de leasing facturent aux consommateurs 57 % de plus pour la location d’un véhicule électrique que pour celle d’un modèle à essence équivalent. Cela représente en moyenne 233 euros supplémentaires par mois pour louer une voiture électrique, soit plus de 8 370 euros sur un contrat de trois ans”, relève Diane Vitry, responsable de la communication sur le programme des voitures d’entreprise.
Surcoût justifié ?
Le tout est de savoir si ce surcoût est justifié. Le principe du leasing est simple : le prix de la mensualité doit couvrir la dépréciation du véhicule au cours des 36 ou 48 mois du contrat, en tenant compte des services offerts (assurances, entretien,…) et de la marge de société.
Transport&Environnement prend l’exemple d’un véhicule de 40 000 euros, dont la valeur de revente estimée sera de 30 000 euros après 3 ans. La mensualité de 500 euros – 18 000 euros au total – couvrira la dépréciation de 10 000 euros ainsi que 8 000 euros de services et de marge. Logique, en soi.
De la transparence et de l’ambition
Sauf que selon les calculs de l’organisation, la valeur de revente d’une voiture électrique est sous-évaluée par les sociétés de leasing, ce qui gonfle tout aussi logiquement la mensualité. L’estimation se base sur pas moins de 2,7 millions de prix de voitures d’occasion sur les principaux marchés européens (Allemagne, France, Espagne, Italie et Grande-Bretagne). Et, ô surprise, le prix réel observé pour un véhicule électrique est assez proche de celui du même modèle essence. “Cela signifie qu’il existe un décalage évident entre les taux mensuels élevés des véhicules électriques et leur dépréciation réelle sur le marché des voitures d’occasion”, tranche Transport&Environnement. En d’autres termes, les mensualités pour une voiture électrique pourraient être plus basses et donc faciliter leur pénétration dans le secteur du leasing.
L’organisation appelle en tout cas les sociétés de leasing à plus de transparence – donner la proportion exacte de véhicules électriques dans les nouveaux contrats – et à plus d’ambition – 100 % des nouveaux contrats pour des voitures électriques dès 2027 et un parc 100 % électrique en 2030-. Ce n’est pas gagné d’avance.