La fin du 1+1 gratuit dans les supermarchés? Pourquoi c’est le consommateur qui va trinquer
Mieux rémunérer les agriculteurs, lutter contre la malbouffe et le gaspillage : des objectifs louables, mais…
Publié le 20-03-2023 à 16h32 - Mis à jour le 20-03-2023 à 20h07
La proposition de loi de Leen Dierick (CD&V) vise à interdire “les promotions excessives pour des produits frais”, tels que les fruits, les légumes ou la viande. Les promotions promettant un produit offert pour un produit similaire seraient bannies, mais une action de 2 produits +1 gratuit, donc le troisième produit offert, serait encore accepté. Si la proposition est soutenue par les organisations d’agriculteurs et celle représentant les indépendants en Flandre (Unizo), Comeos est en revanche nettement moins enthousiaste. Décryptage
Augmenter les marges des agriculteurs
La proposition de loi vise, en premier lieu, à mieux rémunérer les agriculteurs. Louable, certes, mais l’interdiction de promotions agressives sur les produits frais ne garantit en rien une meilleure rémunération. En effet, la grande distribution mettra toujours autant pression sur les producteurs, fournisseurs comme les autres, pour maximiser sa marge. Certes, ces promotions monstres sont aussi le fruit d’une intense négociation et mettent le producteur sous pression, mais elles permettent aussi d’écouler de plus gros volumes. Supprimer les promotions risque aussi de faire grimper les prix et de rendre certains produits trop chers pour le consommateur qui s’en détournera alors. Dans le contexte actuel de crise que nous traversons, les consommateurs y regardent à deux fois avant de remplir leur Caddie. Les produits bio, dont les prix ont plus fortement augmenté que les produits “classiques”, en font d’ailleurs les frais.
Augmenter la qualité des produits
Les supermarchés sont clairement dans la ligne de mire. La proposition de Leen Dierick vise aussi à lutter contre la concurrence accrue qu’ils imposent sur le marché, entraînant la disparition de nombreux petits commerçants qui ne peuvent lutter face à ces grands groupes. Limiter les promotions sur les produits frais entraînerait aussi une meilleure qualité des aliments qu’on retrouve sur le marché. Pour le député CD&V, la pression mise par la grande distribution pousse en effet les producteurs, agriculteurs ou petits indépendants comme les boulanger, à avoir recours à des matières premières de moindre qualité. Sur ce point également, tout le monde n’est pas d’accord et si les producteurs devaient avoir recours à de meilleures matières premières (plus coûteuses) et être mieux rémunéré, cela entraînerait une double augmentation des prix pour le consommateur. Avec, pour conséquences, qu’il refuse de payer le prix fort ou limite sa consommation. Sans compter le handicap au niveau des prix que connaît déjà la Belgique par rapport à nos voisins. Si l’écart se creuse encore, les achats transfrontaliers pourraient exploser.
La compétitivité mise à mal
Au final, c’est donc bien le consommateur qui risque de trinquer. Pour l’heure, la Belgique conserve un minimum de compétitivité sur les rayons frais (fruits et légumes et viandes sont à des niveaux de prix similaires entre la France et la Belgique), mais reste battue dans bien d’autres domaines (y compris le frais, notamment les fromages et produits laitiers). Soit le consommateur acceptera de payer plus (ce qui est fort peu probable), soit il modifiera la composition de son panier ou achètera moins pour respecter son budget, à défaut de franchir la frontière…