Victor, ex-employé dans un Delhaize intégré: "Les syndicats vont trop loin, les conditions dans les magasins franchisés ne sont pas si indécentes..."
Victor, ex-employé dans un Delhaize intégré, estime que les conditions de travail sont “trop” favorables dans les supermarchés exploités par la maison mère.
Publié le 22-03-2023 à 07h17 - Mis à jour le 22-03-2023 à 07h35
:focal(2261x1515.5:2271x1505.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ZNK4R7S3BBA4NKCPMLYXS3DSJQ.jpg)
Les actuels employés des Delhaize exploités en propre par l’enseigne au Lion craignent le modèle de franchise, malgré les assurances apportées par la direction que leurs conditions de travail et leur rémunération resteront identiques chez les franchisés. Le tout, comme expliqué dans un document interne que nous avons pu consulter, coulé dans la CCT 32 bis, reprenant l’ensemble de leurs acquis, que ce soit en termes d’heures de travail, d’horaires, de rémunérations et d’avantages qui y sont assortis.
Pour Victor, qui a travaillé dans un Delhaize intégré avant d’opter récemment pour un poste dans un Delhaize franchisé, “les syndicats vont clairement trop loin. J’ai été chef d’équipe dans un Delhaize intégré, avec 18 personnes dans mon équipe. En permanence, il y avait 3 ou 4 malades. En franchise, on tourne avec moins d’effectifs salariés, c’est vrai, mais ce n’est pas pour autant des conditions indécentes. Dans le Delhaize où je travaille maintenant, l’ensemble du magasin tourne avec moins de personnel salarié, mais réalise, à superficie équivalente, un chiffre d’affaires également équivalent. On a nettement moins de personnes malades et on travaille avec plus d’étudiants. Mais je pense que le modèle d’exploitation de l’intégré n’est plus viable. Delhaize paie aujourd’hui le prix de sa bonté envers des travailleurs et des syndicats à qui l’on a accordé beaucoup de privilèges. Les syndicats ont revendiqué tellement de choses que ce n’était plus tenable.”
Victor comprend donc les craintes des employés. “Il est clair qu’il y a des risques que certains ne s’inscrivent pas dans le modèle de la franchise. Dans l’ancien Delhaize où je travaillais, il y avait 50 salariés. Dans le franchisé où je suis désormais, il n’y en a que 20. Ceux qui ne voudront pas rentrer dans le moule resteront probablement sur le carreau. Aujourd’hui, je travaille 8 heures de plus par mois qu’auparavant et je n’ai plus de chèques repas, mais je gagne environ 120 € de plus. C’est donc faux de dire que les rémunérations sont 30 % plus basses chez les franchisés, mais c’est un travail moins confortable, peut-être. Et les franchisés qui savent tenir leur magasin ne risquent pas non plus la faillite. Je ne vois pas pourquoi un supermarché intégré qui tourne correctement aujourd’hui risquerait de faire faillite en passant en franchise.”
Du côté de Delhaize, on espère que le mouvement prendra rapidement fin, comme nous l’explique une source interne. “Chaque jour qui passe coûte énormément d’argent et est une menace pour le futur de l’entreprise. On ne parle d’ailleurs pas réellement d’une grève car la majorité des travailleurs se rendent en magasin chaque jour et y effectuent diverses tâches. En revanche, il y a un blocage des clients à l’entrée et les magasins ne génèrent donc pas de chiffre d’affaires. Et les travailleurs qui se rendent dans les supermarchés sont donc payés. Outre le manque à gagner, chaque jour coûte donc très cher à l’entreprise…”